Une large consultation a eu lieu en Suède autour d’un cas de coma. Environ 1000 personnes et 410 praticiens ont été interrogés, à l’automne 2004, sur leur comportement face au cas suivant : une femme de 72 ans arrive aux urgences dans un coma profond. Un accident vasculaire cérébral avec hémiplégie droite est suspecté. Au scanner les images montrent une hémorragie intracérébrale du côté gauche. L’opération chirurgicale est délicate en raison de la localisation de l’hématome mais sans intervention le décès risque de survenir rapidement. Doit-on ou non opérer cette patiente ? Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue en ligne "Critical Care".
Au final, 82,3% des médecins se sont déclarés contre l’intervention alors que 59,8% du public y était favorable. Le refus des médecins s’explique par le mauvais pronostic, le caractère héroïque de l’intervention qui n’améliorerait pas la qualité de vie de la patiente. Quant au public, il déclare que "le premier devoir d’un professionnel de santé est de sauver la vie".
Les auteurs de l’étude ont poursuivi leur exploration par une description de la phase postchirurgicale en soins intensifs. Au bout d’une semaine, aucune amélioration n’est observée et il est clair que la patiente ne survivra pas. Doit-on poursuivre la ventilation ? Cette fois-ci, 94% des médecins et 77,7% des personnes interrogées ont choisi l’arrêt de la ventilation.
Finalement, l’arrêt de la ventilation est décidé. Au bout de quelques heures, la patiente convulse et présente des troubles respiratoires. On suggère un traitement à base de morphine et sédatif mais qui risque d’aggraver la détresse respiratoire et de précipiter la mort. Doit-on traiter ? Sur ce point, tout le monde est d’accord ; il faut que la patiente soit calme et ne souffre pas. Cependant pour 1/4 des participants cela relevait plus d’une euthanasie que d’un effet secondaire du traitement.
Cette étude suggère que "les attentes du public quant à ce que le système de santé est capable de faire sont très élevées". Elle permet également aux médecins de mesurer les différences d’appréciation entre le public et eux dans ce type de situation.
Le Quotidien du Médecin (Dr Lydia Archimède) 18/02/08