Depuis 2002, le Code civil du Québec reconnaît un droit à l’enfant et permet aux couples homosexuels et aux femmes célibataires de recourir à la procréation assistée. Cette mesure a engendré une explosion des demandes : aujourd’hui, entre 10% et 30% de la clientèle en insémination des cliniques privées sont des célibataires.
Ainsi Josée Lussier, 36 ans, qui voyant son horloge biologique tourner sans qu’elle rencontre le prince charmant, s’est faite inséminer, non sans quelques états d’âme. "Je me sentais comme chez le concessionnaire automobile", reconnaît-elle en évoquant sa première visite à la clinique de fertilité d’Ovo. "Je me suis beaucoup remise en question. J’ai consulté trois ou quatre fois la banque de donneurs sans être capable d’en choisir un. Mais j’ai fini par me libérer de mon sentiment de culpabilité. Je me suis dit non, je ne l’achète pas ce bébé-là, quand même…"
L’impression d’acheter un bébé comme on achète une voiture est pourtant compréhensible si l’on considère que pour concevoir ainsi un enfant seule et sur commande, il faut compter 400€ pour le traitement, 450€ pour la semence, sans oublier les 90€ des frais de livraison. En cas de tentatives répétées, le prix peut s’élever à plusieurs milliers d’euros.
Les cliniques font passer à toutes les femmes qui veulent enfanter en solo un examen psychologique et Mme Lussier n’a pas peur d’élever seule le petit Thomas qu’elle a mis au monde début septembre. Elle reconnaît pourtant qu’elle est inquiète pour son enfant : "c’est sûr qu’il va y avoir un vide quelque part".
Cyberpresse.ca 17/10/09