Protocole de Carthagène sur la biosécurité : faut-il avoir peur des OGM ?

Publié le 2 Juin, 2003

Le 11 septembre 2003 le protocole de Carthagène sur la biosécurité va entrer en vigueur : dès lors un État pourra refuser une cargaison de céréales ou d’autres produits génétiquement modifiés.

 

Traçabilité

Ce protocole prévoit une procédure «d’accord préalable en connaissance de cause» qui oblige les exportateurs à fournir une liste détaillée de la composition des produits agroalimentaires, permettant à l’importateur d’accepter ou de refuser la livraison. Pour que ce protocole soit applicable, il doit être ratifié par 50 Etats membres des Nations Unies. Pour y parvenir, plus de 3 années de négociations ont été nécessaires. L’Union européenne l’a ratifié en juin 2002 et la France en septembre 2002. Les Etats-Unis, grands producteurs d’organismes génétiquement modifiés (OGM), ont largement combattu ce texte contre l’Europe et l’Afrique qui, partisans d’une grande transparence sur le commerce, le soutenaient. C’est la récente ratification de l’Etat de Palau dans le Pacifique qui a permis l’adoption du protocole.

 

La peur des OGM

Depuis plusieurs années, les organismes génétiquement modifiés (OGM) déclenchent les passions des uns et des autres mais, lorsque l’on interroge ces personnes, on s’aperçoit que les connaissances techniques sur les OGM sont très superficielles, voire inexistantes. Ceci est regrettable car, de ce fait, on oublie que les OGM rendent de grands services en particulier dans la production de médicaments. L’insuline par exemple, traitement de base des patients diabétiques, est depuis une quinzaine d’années produites par des bactéries OGM. Un livre récemment réédité (2003) et écrit par un spécialiste des biotechnologies, L.-M. Houdebine, a le mérite de présenter les bases théoriques des OGM en des termes clairs et accessibles mais aussi de peser sereinement le pour et le contre de ces nouveaux outils que la biologie moderne met à notre disposition. Pour l’auteur, les OGM doivent être utilisés avec prudence mais ne doivent pas non plus être diabolisés.

 

OGM : quels sont les risques ?

Les différentes peurs suscitées par les OGM doivent être analysées de façon claire et approfondie.

Le transfert de gènes d’un OGM vers l’homme ou vers la nature doit être mis en perspective avec ce qui ce passe tous les jours dans notre assiette. Nous mangeons tous les jours des aliments qui contiennent de l’ADN, par exemple, de l’ADN de bœuf si nous mangeons un steak. Cet ADN va être dégradé dans notre intestin et aura peu de chance de nous transformer en bœuf ou même de nous transférer un gène de bœuf. Le transfert d’ADN par les aliments est, contrairement aux virus, particulièrement inefficace.

– Il en est de même du risque d’augmentation de cancer par les OGM. S’il est vrai que les OGM permettant une meilleure résistance aux herbicides (Round up), risquent d’induire une plus grande utilisation de ces herbicides par les agriculteurs, on voit mal comment ils pourraient par eux-mêmes augmenter l’incidence des cancers. En revanche, les herbicides génèrent le risque de cancers…

L’argument de dépendance économique à l’égard des grandes sociétés et des pays industrialisés est aussi souvent employé pour dénoncer les OGM. Cet argument n’est pas à négliger car il a un impact sur le monde que nous voulons préparer pour demain, en particulier en ce qui concerne les pays en voie de développement qui ne disposent pas des moyens de recherche agronomique des pays industrialisés. Cependant, ce ne sont pas les OGM qui sont en cause mais les humains qui les utilisent. Certains OGM permettent en effet à certaines variétés de blé de pousser dans des conditions beaucoup plus arides que le blé normal. Ces OGM sous le contrôle de l’ONU pourraient représenter une chance extraordinaire pour les pays ayant des conditions climatiques peu favorables.

 

Le 2 juillet 2003 le Parlement européen adoptera deux règlements sur l’étiquetage et la traçabilité des produits transgéniques. 

OGM : Le Vrai et le Faux. L-M. Houdebine. Ed.  Le Pommier. 2e Edition : Mars 2003.

 

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