Le 27 août dernier, le magazine britannique le Sunday Times révélait que cinq footballeurs professionnels du championnat d’Angleterre, dont le français Thierry Henry, avait eu recours à la banque privée de sang de cordon ombilical, CryoGenesis, pour qu’y soient congelées des cellules souches issues du cordon de leur bébé. Un des joueurs y déclare anonymement qu’il avait fait congeler les cellules souches de son enfant pour avoir "une sorte de kit de réparation" en cas de blessure.
Cette société, une des sept banques privées de sang de cordon en Angleterre, promet ainsi que plusieurs dizaines de maladies et d’affections peuvent être traitées à l’aide de ces cellules souches. Or, aujourd’hui, la greffe de cellules souches de sang de cordon (greffe de sang placentaire) n’est une alternative reconnue à la greffe de moelle que dans le cas de leucémies ou de graves maladies de sang. La première greffe de sang placentaire a été réalisée pour la première fois en 1988 par le Pr Eliane Gluckman à l’hôpital Saint Louis (Paris).
Pour Carine Camby, directrice générale de l’Agence de la biomédecine : "ce qui est choquant, c’est que ces banques commerciales vendent la conservation alors qu’il n’y a pas d’utilisation envisageable dans un futur proche. Elles font en quelque sorte de fausses promesses aux consommateurs. On n’est pas loin de l’escroquerie". Axel Kahn, interrogé sur Europe 1, parle de "mercantilisme de l’espoir".
Les banques privées de sang de cordon ne sont pas autorisées en France. Le comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait en 2003 rendu un avis très défavorable à ce genre d’établissement. Le Pr Sicard avait alors déclaré que "l’argumentaire de ces sociétés tient plus d’un marketing de l’espoir que d’une réalité scientifique". Le Pr Eliane Gluckman dénonce également cette démarche purement marchande.
Elle appelle à renforcer en France l’action publique de collecte et de stockage des cellules souches de sang de cordon notamment pour faire face à la concurrence des banques privées. "Chaque sang de cordon prélevé et stocké dans les banques publiques coûte environ de 5 000 à 6 000 euros, ce qui demande un investissement important. Les banques commerciales soumises à des critères moins stricts peuvent proposer des prix allant de 1 000 à 2 000 euros, sans compter qu’elles peuvent confortablement rémunérer les sages-femmes et les accoucheurs" explique le Pr Gluckman. Aujourd’hui 5 000 unités de sang de cordons sont conservées dans les banques publiques françaises. Pour être au même niveau que nos voisins européens, notre stock devrait s’élever à 50 000. Or sur les quatre établissements hospitaliers faisant oeuvre de banques publiques, deux ont du arrêter pour des raisons financières.
>> Pour en savoir plus sur ce sujet, consulter l’article Cellules souches : enjeux et ambitions de G. Bénichou.
Le Monde (Jean-Yves Nau) 31/08/06 – Le Figaro 31/08/06 – Le Quotidien du Médecin (Dr Lydia Archimède) 01/09/06 – La Croix (Pierre Bienvault) 05/09/06