Prélever des ovocytes pour une “maternité posthume” ?

Publié le 19 Juil, 2010

Le Boston Globe rapporte le cas d’une jeune femme plongée dans un état critique, proche de la mort, et dont la famille a demandé qu’on lui prélève des ovocytes afin qu’elle puisse "devenir mère, de façon posthume". La jeune femme, dont l’identité n’a pas été révélée, a été victime d’une crise cardiaque lors d’un voyage en avion. Les médecins présents dans son avion ont tenté de la réanimer et ont réussi à récupérer son pouls 30 à 60 minutes plus tard. L’avion a été redirigé vers Boston où la patiente a été admise au Massachusets General Hospital.

Devant le sombre prognostic des médecins, la famille de cette femme a demandé de débrancher son respirateur. Mais elle a changé d’avis quelques heures plus tard après avoir eu le compagnon de la femme au téléphone. La raison de ce revirement a abasourdi le personnel médical : la famille voulait savoir s’il était possible de prélever sur elle des ovocytes et de les congeler. "Ce qu’ils nous ont demandé était très inconfortable pour nous" a dit le Dr David Greer, l’un des spécialistes qui s’est occupé de cette patiente. Les médecins ont enquêté sur les souhaits de cette patiente et ont réfléchi aux conséquences médicales d’une telle intervention, sans garantie de succès. Ils ont découvert que la femme n’avait jamais exprimé un désir fort d’avoir des enfants et ils ont estimé que le prélèvement d’ovocytes pouvait accélérer sa mort. Ils ont finalement décidé qu’ils ne pouvaient pas justifier cette procédure d’un point de vue médical. Le compagnon de la patiente a accepté cette décision.

Relaté dans le New England Journal of Medicine, ce cas ouvre des nouvelles questions éthiques pour les médecins des hôpitaux universitaires de Boston qui sont souvent confrontés à des choix problématiques. Si les médecins ont connu des cas où du sperme était prélevé sur des hommes mourants, ils n’avaient jamais rencontré ce cas où les ovocytes d’une femme au bord de la mort seraient prélevés. Selon George Annas, spécialiste d’éthique médicale à l’école de santé publique de l’université de Boston, "il est très important que [les médecins] discutent ce cas parce que je crois que très peu de docteurs penseraient que c’est une  requête raisonnable que de prélever des ovocytes à ce moment-là. […] D’un autre côté, ils se sentiraient mal à l’aise de répondre non à un mari juste parce qu’ils pensent que ce n’est pas bien".

Dans ce cas précis, les médecins avaient examiné les conséquences d’un recours à une mère porteuse et les possibles effets sociaux et émotionnels pour un enfant si une naissance devait arriver.

The Boston Globe (Stephen Smith) 15/07/10

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