PMA : Un couple infertile renonce au désir d’enfant

Publié le 16 Nov, 2014

« Dans notre couple confronté à l’infertilité, nous voyons que le désir de l’enfant est une pulsion qu’on ne peut pas arrêter. En revanche, on peut le gérer. » Marie, 29 ans est pigiste. Avec Cyrille, 38 ans, qui travaille dans le domaine de la protection de la biodiversité, leurs choix de vie s’inscrivent dans une démarche de cohérence et de sens. Couple stérile, ils ont courageusement et délibérément choisi de ne pas recourir aux techniques de Procréation médicalement assistée (PMA). Marie reconnait que sur ce chemin difficile d’acceptation, elle a « eu la chance de trouver des personnes sur qui [s]’appuyer pour ne pas [s]e laisser enfermer dans le moi-je qui conduit à revendiquer des droits au nom de sa souffrance personnelle : ‘ma souffrance = mon droit.’ » Cyrille explique que le désir d’enfant « ne peut légitimer de faire n’importe quoi. Car avec la PMA ou la GPA on n’envisage pas la souffrance qu’on va créer par la suite ».

 

Comme le souligne Marie, avec Cyrille, ils ont choisi d’intégrer les limites que leur impose la stérilité de leur couple : « Pourquoi refuserions-nous de penser les limites de la procréation et dans le même temps insisterions-nous sur la nécessité de prendre en compte les limites de la planète pour tout le reste ? » Et elle ajoute : « Je n’accepte pas que ma souffrance puisse légitimer une pratique que j’estime honteuse, esclavagiste, où l’enfant puisse devenir une marchandise. (…) La PMA n’est pas un distributeur automatique de bébé. Nous essayons de nous demander quelles sont les conséquences de nos choix, de nos désirs ».

 

Par ailleurs, Cyrille est lucide : « La PMA, c’est la solution qu’on jette à la face des couples infertiles. (…) La PMA est un chemin difficile pour un couple, cela peut le déstabiliser, ce n’est pas une solution de facilité ». Marie, qui évoque le taux élevé d’échec de la technique (plus de 80%), en pointe aussi les effets pervers : « Ce renvoi systématique à la technologie réduit toute capacité à l’empathie. L’homme n’est plus capable de s’assoir à côté de la personne qui souffre et de l’écouter ». Elle sait que les traitements qui accompagnent la PMA sont lourds et « qu’ils ont un impact sur le corps de toutes celles qui essayent. » Pour elle, qui a « depuis longtemps des problèmes de santé nécessitant des traitements médicamenteux ». Elle ne souhaite pas « en être gavée plus encore. Ce n’est pas aller vers la vie. »

 

Ces choix, Marie et Cyrille les expliquent aussi par leur respect de l’environnement, un environnement saturé « de produits pour lutter contre la stérilité » qui « participent de la montée de la stérilité due à cette pollution chimique ». Ils ont opté pour plus de simplicité et de détachement, un mode de vie qui « nous donne une grande joie de vivre ».

La décroissance (n°114 – Nov 2014)

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