PMA pour toutes : “Derrière, on voit se dessiner une vision de l’homme fragmentée “

Publié le 30 Sep, 2019

Alors que l’Assemblée nationale a adopté, en première lecture, l’autorisation de la PMA pour toutes les femmes seules ou en couple (cf. Loi de bioéthique : A l’issue de la première journée de débat… et Projet de loi de bioéthique : l’Assemblée nationale adopte la PMA pour toutes en première lecture), Marie-Dominique Trébuchet, directrice de l’Institut supérieur de sciences religieuses (IER), s’interroge : « Observez l’usage qui est fait du mot “parentalité” (qui décrit la fonction exercée) et l’absence du mot “parenté” dans les prises de parole. L’emploi du terme est lié aux dissociations qui se sont peu à peu installées entre les dimensions biologique, affective, éducative. Certains députés ont d’ailleurs attiré l’attention sur le fait que ce projet de loi tend à disjoindre le corporel de l’affectif et du social. Derrière, on voit se dessiner une vision de l’homme fragmentée » (cf. Quel humain demain ?). Elle remarque qu’ « au cours du débat de ce 25 septembre », l’idéologie du genre s’est engouffrée « dans ces dissociations. Certains députés ont en effet insisté sur la dimension culturelle et sociale de la filiation, quitte à évacuer complètement la dimension corporelle. La filiation serait ainsi un pur fait social ». Le psychanalyste Jean-Pierre Winter rappelle quant à lui qu’il « existe trois différences fondamentales parce qu’elles sont incontestables : la différence entre la vie et la mort, la différence des générations, la différence des sexes ». A ceux qui estiment que « la différence entre homme et femme est une construction sociale », il répond qu’une telle vision « relève du délire. On dénie le réel ».

 

Si beaucoup justifient leurs positions en considérant que « certaines figures peuvent tenir lieu de père, notamment des figures masculines », Jean-Pierre Winter, souligne que « le problème ici tient à la confusion savamment entretenue entre le paternel et le masculin. Ce n’est parce qu’un homme est un homme qu’il peut remplir la fonction paternelle auprès d’un enfant. Cette fonction ne peut être remplie que si la mère de l’enfant l’a choisi comme père pour cet enfant ou comme tiers pour cet enfant. Il faut qu’il soit dûment nommé comme tel ». Il ajoute : « La grande différence entre les enfants sans père que j’ai connus et ceux qui naîtront à la suite de la nouvelle loi, c’est qu’ils étaient sans père par accident et non du fait de la loi. Or, désormais la loi efface le père » et demande : « Quelle haine du père supposent-elles pour que l’on organise sa disparition de façon légale ? » Avec l’inscription dans l’état civil de l’enfant des deux mères, « il sera désormais inscrit dans la loi l’effacement de l’altérité ».

 

Pour lui, la première question des enfants nés sans père sera celle de « la ressemblance ». En effet, « la plupart – peut-être pas tous, ou du moins pas tout de suite – des enfants élevés dans les couples de lesbiennes se demanderont à qui ils ressemblent ». Il explique : « Dans les banques de sperme (ce n’est pas un hasard si l’on appelle cela une ‘banque’ car il y a tout un marché derrière), on pratiquera (le mot fera hurler) une forme d’eugénisme pour assurer une ressemblance. C’est une forme de triche » qui va toucher la société dans son ensemble : « Tous les enfants recevront ce message qui leur dira qu’un père n’est pas nécessaire ».

 

Marie-Dominique Trébuchet dénonce aussi « l’amour », un argument « très présent dans ce débat ». Mais, ajoute-t-elle, « l’amour-sentiment, que nul ne songe à relativiser entre les êtres humains, est aussi soumis au discernement éthique. L’amour seul ne justifie pas tout ».

 

Pour aller plus loin :

Où va le projet de loi de bioéthique sur la question de la PMA ?

PMA pour toutes : avoir un père serait « daté » ?

« PMA pour toutes »: des psychiatres dénoncent les études erronées

 

 

 

La Croix, Mélinée Le Priol (27/09/2019) – Marie-Dominique Trébuchet : « L’amour seul ne justifie pas tout »

Le Figaro, Paul Sugy (27/09/2019) – L’avis d’un psychanalyste sur la PMA: «La fonction symbolique du père est irremplaçable»

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