Des chercheurs ont transplanté dans le cerveau de souris des cellules capables de former des « cellules de soutien » spécialisées, les cellules gliales. Ils ont constaté qu’elles entraient en compétition avec les cellules malades et les remplaçaient, de même que les cellules âgées. Ces résultats pourraient ouvrir la voie à la mise au point d’un traitement pour toute une série d’affections telles que la sclérose en plaques, la SLA [1], la maladie d’Alzheimer, l’autisme ou encore la schizophrénie. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Biotechnology [2]
Restaurer les fonctions cérébrales par la greffe de cellules gliales
Les cellules gliales désignent de manière générique les cellules qui « soutiennent » les cellules nerveuses, les neurones. Les cellules progénitrices sont les descendantes de cellules souches. Dans le cas des cellules gliales, les cellules progénitrices gliales humaines (CPGh) se différencient en sous-types, notamment les astrocytes et les oligodendrocytes [3], spécialisés dans des fonctions particulières.
Des astrocytes et des oligodendrocytes dysfonctionnels ont été associés à plusieurs maladies neurodégénératives et neuropsychiatriques. Etant donnée la capacité des CPGh à donner naissance à de nouveaux astrocytes et oligodendrocytes, des chercheurs de l’université de Copenhague ont examiné comment la transplantation de CPGh saines pourrait contribuer à restaurer les fonctions cérébrales.
Remplacer des cellules malades ou âgées
Les chercheurs avaient déjà montré que des cellules gliales humaines saines remplaçaient des cellules gliales de souris malades lorsqu’elles étaient transplantées dans des modèles murins de la maladie de Huntington.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont voulu déterminer si des cellules humaines saines pouvaient remplacer des cellules humaines malades. Ils ont donc introduit des CPGh saines dans des souris « chimériques » ou « humanisées » auxquelles avaient été injectées des cellules issues de patients atteints de la maladie de Huntington (cf. Des neurones humains implantés dans le cerveau de ratons). Les chercheurs ont constaté que les cellules saines ont pris le dessus sur les cellules malades et les ont complètement remplacées. Ils ont en outre observé que les CPGh issues de donneurs jeunes remplaçaient les cellules âgées.
Tout un éventail de pathologies pourrait être concerné par cette approche.
Une « preuve de principe »
Il ne s’agit encore que d’une « preuve de principe » tempère toutefois Steven Goldman, auteur de l’étude.
Les chercheurs envisagent désormais des essais cliniques pour la maladie de Huntington, mais aussi deux autres maladies : la sclérose en plaques primaire progressive (SEP-PP) et la maladie de Pelizaeus-Merzbacher (PM). Les patients atteints de SEP-PP ne connaissent pas de période de rémission. Ils représentent environ 15% des personnes atteintes de sclérose en plaques. De son côté, la PM est une maladie génétique rare et progressive qui endommage les oligodendrocytes, entraînant une détérioration de la coordination, de la motricité et des fonctions cognitives.
« J’espère que nous pourrons obtenir l’autorisation d’administrer les cellules à des patients et que nous pourrons commencer les essais de cette approche d’ici deux ans », indique Steven Goldman.
[1] Sclérose latérale amyotrophique, aussi appelée maladie de Charcot
[2] Vieira, R., Mariani, J.N., Huynh, N.P.T. et al. Young glial progenitor cells competitively replace aged and diseased human glia in the adult chimeric mouse brain. Nat Biotechnol (2023). https://doi.org/10.1038/s41587-023-01798-5
[3] « Les astrocytes constituent la plupart des cellules du système nerveux central. Ils soutiennent et protègent les neurones, transportent les nutriments et éliminent les déchets. Les oligodendrocytes déposent et entretiennent l’enveloppe riche en lipides et isolante appelée myéline autour de certains axones, la partie du neurone qui se connecte à un autre neurone et permet la transmission de l’influx nerveux. »
Source : New Atlas, Paul McClure (23/07/2023)