Michel Onfray : « Seule une morale pourrait arrêter l’inhumanisme du posthumanisme »

Publié le 28 Jan, 2022

Dans un entretien pour Valeurs Actuelles, Michel Onfray décrit l’évolution transhumaniste de la société : une « catastrophe » qui « passe au-dessus de la tête des intellectuels ». Toutes les opérations d’« objectivation », de « chosification », de « réification », nous entraînent un peu plus dans le transhumanisme.

Chosification, illustrée notamment par l’élargissement d’accès à l’interruption médicale de grossesse [1] et la PMA : « ces gens-là (…) veulent tout marchandiser, tout acheter, tout vendre, faire des bénéfices sur tous les produits, dont les ovules, les spermatozoïdes, les enfants, les utérus. Ils ont donc besoin pour ce faire de chosifier les êtres. Et quelle meilleure entrée en matière de chosification que d’envoyer à la poubelle un enfant à deux jours de naître pour des raisons de “détresse” (…) ? » Toutefois, « aujourd’hui, on avance masqué sous un prétexte humaniste, égalitariste, progressiste : on n’invite pas à chosifier le corps d’un enfant dans le ventre de sa mère en invitant à se débarrasser de cet être surnuméraire, disons en passant que cela définit un eugénisme progressiste, mais on attire l’attention sur la détresse psychosociale d’une mère en imaginant bien que le psychosocial devra beaucoup au freudo-marxisme… ».

Puisqu’« on ne saurait vendre des hommes, ce serait traite, esclavagisme ! On déshumanise ce qu’on peut dès lors vendre ». La GPA en est un autre exemple, et les promotions proposées pour le Black Friday le mettent en lumière (cf. Black Friday : des promos aussi sur la GPA !). Sans réaction en France « des féministes ou des progressistes », note Michel Onfray. Tout comme la récente greffe d’un cœur de porc chez un homme aux Etats-Unis, qui n’a pas provoqué de vague. Ces faits illustrent « la cécité des intellectuels sur ces questions ». Des exemples qui sont autant de « chevaux de Troie » du transhumanisme.

Enfin « la cancel culture et le “wokisme”, donc les formules urbaines et mondaines du progressisme, travaillent (…) au transhumanisme. (…) Après avoir travaillé à l’avènement de la société totalitaire décrite dans le 1984 d’Orwell, la plupart des intellectuels travaillent désormais à l’avènement du Meilleur des mondes d’Huxley », constate le philosophe.

Pour lui, « seule une morale pourrait arrêter l’inhumanisme du posthumanisme. Car, au nom de quoi interdire la fécondation d’une jeune femme par le sperme de son grand-père mort il y a un quart de siècle et dont le sperme a été cryogénisé ? Ou le clonage des cellules d’un cadavre ? Ou la création de chimères qui mélangent des cellules animales et des cellules humaines ? Ou des données numériques transférées sur un cerveau de mammifère — une réalisation déjà effective dans le laboratoire Neuralink d’Elon Musk (…) qui l’interdira et au nom de quelle morale ? Les Gafam travaillent tous au transhumanisme : qui les arrêtera ? Rien ni personne ».

[1] Cf. Loi de bioéthique : sous couvert de détresse psychosociale, les députés détournent l’IMG

Source : Valeurs Actuelles, Raphaël Stainville (27/01/2022)

 

 

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