M6 enquête sur les mères porteuses

Publié le 4 Oct, 2016

Dimanche soir, M6 diffusait un documentaire sur la GPA : Mères porteuses : l’enquête qui dérange. Une enquête qui dérange qui ?

 

Les premières images s’ouvrent sur le plateau de l’émission, envahit pour la circonstance de familles dont les enfants sont tous issus de GPA. Ils représentent de « nouveaux modèles de familles », explique Ophélie Meunier, la présentatrice, et l’histoire de certains « couples » présents sert de fil rouge au reportage.

 

Eric a déjà un enfant d’un premier mariage, mais sa nouvelle femme, Sarah, a des problèmes de santé et ne peut pas donner la vie. Ils ont déjà deux enfants nés par GPA. Le reportage va les suivre aux Etats-Unis où ils mettent en route leur « troisième grossesse par autrui » avec un embryon porteur de leurs propres gamètes.

Thom et Nicolas sont homosexuels, c’est aussi aux Etats-Unis qu’ils vont faire appel à une donneuse d’ovocytes. Deux embryons sont implantés à la mère porteuse : le sperme de chacun des futurs papas ayant fécondé in vitro un ovocyte, les futurs demi-frères grandiront ensemble dans le ventre d’une autre femme.

Il y a aussi Laurent et Virginie qui ont déjà eu deux enfants naturellement. Mais Virginie a besoin d’être mère une troisième fois. Fausses couches, échecs de FIV, elle demande à son mari de concevoir par GPA. Il est réticent. Il ne réfléchit pour autant qu’une nuit avant de donner son accord. Il est un peu gêné de ne pas connaître la donneuse d’ovocytes qui contribuera à la naissance de ses jumeaux. Virginie explique qu’elle n’aurait pas pu être « bien dans sa tête s’ils n’étaient pas là ». Le reportage les suit en Ukraine où ils sont bloqués. Une Serbe, qui attend avec eux les laisser-passers, se réjouit quand l’autorisation de rentrer dans son pays avec le nouveau-né arrive. Elle et son mari attendent depuis 25 ans d’avoir un bébé. Elle repart aux anges avec « sa poupée », « pour jouer » !

 

Même impression pour Thom et Nicolas. Aux Etats Unis, ils sont dans un magasin pour acheter des couches. Ils se tournent vers la mère porteuse, manifestement plus très loin du terme : il en faut deux par jour ? La mère porteuse sourit : « au début, c’est plutôt une toutes les deux, trois heures ». On s’étonne de la légèreté avec laquelle ces « couples » s’engagent dans une aventure irréversible.

 

Aux Etats-Unis, un bébé peut représenter un investissement pouvant aller de 80 à 100 000 euros. Une somme énorme ! Vraiment ? Un bébé est finalement moins cher qu’une maison, ou un appartement. Et un bébé a un prix, il se choisit sur Internet, il se commande, se vend… Il est « parfait » comme le dira, Spacy, une des mères porteuses.

 

Le reportage, même s’il met l’accent sur la joie des nouveaux parents, sur les magnifiques relations entre les mères d’intention, les pères géniteurs, les mères porteuses qui gravitent autour de ces familles, donnant une vision idyllique de la situation, n’est cependant pas complètement béat.

 

La journaliste demande son avis sur la légitimité du recours à une mère porteuse à Virginie qui balaye  l’objection en deux phrases : « Tout de suite les grand mots, tu achètes un ventre, mais je n’ai pas acheté un ventre : Marina, elle s’est portée volontaire, c’est elle qui veut le faire, on ne l’a pas forcée à faire ça. Elle a porté nos enfants. Son quotidien ça l’améliore, qu’est-ce que vous voulez, tout le monde est heureux. On peut pas faire mieux ».

 

Le reportage s’intéresse aussi au recrutement des femmes ukrainiennes. Toutes âgées d’une vingtaine d’année, elles expliquent qu’elles gagnent entre 46 et 110 euros par mois et qu’elles ne peuvent pas subvenir aux besoins de leur famille. Les 8000 euros qu’elles vont recevoir représentent 10 années de salaire ! Certaines se considèrent juste comme un incubateur. L’une d’entre elles ne veut pas qu’on sache ce qu’elle va faire. Elle a contraint son mari à accepter « cette solution » en lui disant que s’il refuse elle divorcera. Mais elle a honte, elle partira dans une autre ville avec lui pendant la grossesse et laissera ses propres enfants à sa mère, qui ne doivent pas être au courant. Les risques pour la mère porteuse sont évoqués. Trop rapidement. Marie-Anne Frison-Roche, juriste, explique que la GPA fonctionne sur une logique de marché, un marché très prometteur, qui brasse des sommes considérables.

 

Alexandre et Anthony ont eu recours à une GPA sauvage en France. Ils ne le savent pas mais la mère porteuse va les escroquer. Alexandre donne son sperme pour une insémination artisanale. A terme, le bébé est vendu à un couple hétérosexuel. Alexandre et Anthony iront devant la justice, ils seront condamnés, ainsi que la mère porteuse. Ils continuent à se battre pour récupérer l’enfant né des gamètes d’Alexandre, qu’ils ne connaissent pas et… qui a aujourd’hui 4 ans ! A l’image de leur histoire, beaucoup de scandale éclatent, dont les enfants font toujours les frais.

Le gros des inconvénients semble absorbé par la question de la retranscription à l’état civil des actes de naissances et la possibilité d’obtenir des passeports français pour ces enfants nés d’une pratique interdite en France. Véritable parcours du combattant pour ces couples. Eric étale devant lui les documents. Il a beau avoir donné son sperme à son dernier bébé, la loi française ne le reconnait pas comme père : comment ses enfants pourront-ils hériter ? Si Sarah et Eric divorçaient, Sarah pourrait partir avec les enfants sans qu’Éric ne puisse rien dire. Quant à Virginie et Laurent, ils ne pourraient pas quitter la France avec leurs bébés, n’ayant pas de papier d’identité, pas de passeport pour eux. Le reportage finit par donner l’impression malheureuse qu’avec une GPA légalisée, tout serait bien malgré tout dans le « meilleur des mondes ».

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