Claude Birraux, député UMP de Haute-Savoie et président de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) souhaite ouvrir cette institution aux représentants de la société civile par la création d’un "conseil sociétal, environnemental et économique". Il a déjà rédigé une proposition de loi pour modifier le fonctionnement de l’OPECST qui devrait être approuvée par au moins la moitié des députés qui y siègent. Cette décision est motivée par les difficultés rencontrées lors de débats organisés sur des questions scientifiques, comme sur les nanotechnologies par exemple. "En matière de décisions scientifiques, la méfiance des citoyens devient inquiétante" estime Claude Birraux. L’enjeu de cette ouverture est de permettre la tenue de "débats approfondis entre gens raisonnables" et "d’éviter la foire d’empoigne". Il s’agit d’ouvrir et élargir la réflexion avec ce nouveau conseil qui serait composé de personnes impliquées dans le monde associatif ou économique et non d’un panel de citoyens. L’objectif est également de "redonner de la légitimité aux décisions prises par les responsables politiques".
Philippe Deslandes, président de la Commission nationale de débat public (CNDP) estime que cette ouverture peut contribuer à réduire une partie du fossé séparant l’opinion et le monde des experts : "cela contribuera à éclairer les politiques sur les questions que se pose l’opinion. Mais la question la plus importante est ailleurs : c’est le doute grandissant nourri par l’opinion sur les décisions scientifiques depuis les affaires de Tchernobyl et de la vache folle. Cela ne pourra se résoudre que par des débats associant un large public qui doit être convaincu que son avis pèsera dans les décisions finales". Le monde associatif accueille cette nouvelle avec la même prudence : cette ouverture de l’OPECST a "le mérite de vouloir faire bouger les choses" reconnaît Dorothée Benoit-Browaeys, déléguée générale de Vivagora, association pour le dialogue science-société, mais il faut qu’elle s’accompagne d’une remise en question du fonctionnement habituel du monde politique et scientifique qui doit radicalement modifier "sa façon d’organiser la concertation, en y associant la société civile dès le début du processus, et non pas seulement pour tenter de sortir d’une impasse ou pour faire accepter une décision déjà prise".
La Croix (Mathieu Castagnet) 22/04/10