Rejetée en première lecture, les députés ont voté l’autorisation du « don d’ovocyte entre deux femmes d’un même couple » en commission spéciale bioéthique (cf. Loi de bioéthique : précipitation et silence du gouvernement ; Loi de bioéthique : vers une introduction de la GPA qui ne dit pas son nom ?). Mais le ministre de la santé, Olivier Véran, a déclaré que « la position du gouvernement restera défavorable » à l’autorisation de cette technique, dite « ROPA », pour « réception d’ovocyte du partenaire ». « Un acte invasif », juge le ministre qui rappelle que « la technique implique “une stimulation hormonale et des ponctions d’ovocytes qui ne sont pas des gestes neutres, à une femme qui n’en relève pas forcément”, c’est à dire, qui ne souffre pas elle-même de problèmes de fertilité ». « Sur un “sujet complexe, c’est la santé qui doit primer” » estime-t-il.
Pour le sociologue Mathieu Bock-Côté, la « question bioéthique » « exigerait autre chose qu’un débat précipité transformé en guerre éclair dans un contexte post-pandémique ». En effet, « c’est moins l’urgence qui devrait inspirer le législateur qu’une prudence attentive à la diversité des points de vue, en se rappelant que le principe de précaution ne devrait pas s’appliquer exclusivement aux préoccupations environnementales », estime l’essayiste. Mais « apparemment, les fondements anthropologiques de la société doivent se dissoudre dans la logique des droits ».
Selon Mathieu Bock-Côté, « la philosophie politique bien comprise nous enseigne que le bien commun ne se laisse jamais définir par une doctrine exclusive, qui aurait le monopole du vrai, du juste et du bien ». « Il ne s’agit pas de proscrire les débats bioéthiques à partir d’une conception définitive de l’être humain, non plus que de contester les possibilités émancipatrices associées aux évolutions technologiques, mais d’éviter de se soumettre à une logique qui formule une question n’autorisant qu’une seule réponse » estime-t-il. « Les invariants anthropologiques sur lesquels repose la condition humaine ne peuvent être traités comme de simples résidus poussiéreux du monde d’hier, à balayer pour qu’advienne enfin le paradis sur terre. »
Pour aller plus loin :
Sciences et Avenir, AFP (10/07/2020) – Le Figaro, Mathieu Bock-Côté, « Le nouvel homme nouveau naîtra en labo » (10/07/2020)