L’insuffisance du réseau français de sang placentaire

Publié le 7 Nov, 2008

Jean-Yves Nau revient dans Le Monde sur le rapport de Marie-Thérèse Hermange (sénateur UMP de Paris) sur les cellules souches de sang de cordon adopté, mardi 4 novembre, par la Commission des affaires sociales du Sénat (cf. Synthèse de presse du 05/11/08).

 

Il rappelle qu’aujourd’hui, en France, la plupart des cordons ombilicaux sont détruits au même titre que des déchets opératoires. Et ce, malgré les “larges perspectives thérapeutiques quant à l’usage qui peut être fait de ces cellules souches [extraites du sang de cordon]” ; perspectives ouvertes notamment par le Pr Eliane Gluckman (hôpital Saint-Louis, Paris) qui fut, à la fin des années 1980, l’une des pionnières de la greffe de sang de cordon.

 

Actuellement en France, on recense 7 000 unités de sang placentaire (USP) stockées quand les experts estiment qu’il en faudrait 50 000 pour répondre aux besoins nationaux. Pour pallier ce manque, les équipes médicales importent des greffons sanguins pour un coût évalué entre 15 000 et 25 000 euros l’unité. Ainsi, en 2007, 64% des greffons utilisés en France provenaient de l’étranger ce qui a coûté 3,6 millions d’euros à l’assurance maladie… Un plan national prévoit d’augmenter le nombre d’établissements qui collectent le sang de cordon ainsi que celui des maternités partenaires pour atteindre 10 000 USP stockées sur le territoire d’ici la fin de l’année 2010. Marie-Thèrése Hermange plaide elle pour “une politique de collecte plus ambitieuse” et estime nécessaire de porter au moins à 50 000 le nombre d’USP d’ici 2020.

 

Le sénateur aborde aussi la question des banques privées/publiques. Elle recommande d’autoriser “à titre expérimental” l’implantation de banques privées, à condition qu’elles travaillent en partenariat avec le réseau public. Aujourd’hui, lorsque les parents acceptent que le sang de cordon de leur enfant soit prélevé, cela relève d’un don anonyme. Ces dons sont inscrits dans le registre national France Greffe de moelle, géré par l’Agence de la Biomédecine et sont mis à disposition de la collectivité. Rappelons qu’en France, si aucun texte n’interdit explicitement le développement des banques privées, l’Académie nationale de médecine et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se sont, en 2002, prononcés contre la création de banques privées. En 2006, ce fut au tour du Collège national des gynécologues et obstétriciens de déconseiller “aux professionnels de la naissance d’accepter de faire des prélèvements de sang de cordon en vue d’une conservation dans une banque privée à la demande des parents“.

 

Une récente étude de législation comparée sur cette question décrit le paysage juridique européen en la matière et classe les pays en deux catégories. Dans la première, on retrouve l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni [et les Etats-Unis], où les textes ne disent rien sur le statut des banques de sang placentaire et où coexistent banques publiques et banques privées. La seconde catégorie regroupe les pays, comme la Belgique, l’Espagne ou l’Italie, dotés de textes déterminant le statut de ces banques. Alors que les banques privées y étaient interdites, leur législation évolue et tend à les autoriser, sous certaines conditions.

 

Lire en ligne le rapport et l’étude de législation comparée

Le Monde (Jean-Yves Nau) 07/11/08

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