« La question n’est pas de savoir si l’augmentation de l’homme par la technologie est possible. Cette révolution qui voit s’hybrider l’être humain et la technologie par des interfaces cerveau-machine est déjà en marche. » Avec « la lecture comme hybridation primordiale », « prérequis de toutes nos hybridations futures ». C’est le postulat de Raphaël Gaillard, psychiatre et chercheur en neurosciences.
Dès lors, « la question n’est pas de choisir son camp entre les zélotes et les contempteurs de cette hybridation, entre ceux qui s’enthousiasment sur les réseaux sociaux et ceux qui la conspuent dans les salons littéraires », estime l’auteur. Et ce d’autant plus que « le chemin de la réparation de l’homme est aussi celui de son augmentation » (cf. Patrick Hetzel : « Les neurotechnologies doivent, d’abord et avant tout, servir à guérir et à réparer »).
Dans un essai très documenté, Raphaël Gaillard choisit ainsi de n’explorer que les questions « pragmatiques », « les seules questions qui vaillent » selon lui : « Quelle est la réalité du phénomène à ce jour, quelles en sont les perspectives, quelles en sont les possibles effets indésirables, comment se prémunir de ces derniers, et plus généralement comment accompagner au mieux ce mouvement inéluctable ? » Faudrait-il se résigner à voir nos cerveaux hybridés avec la machine à plus ou moins long terme ?
Pourtant l’auteur en pointe certains dangers. « L’augmentation de l’homme creuse les inégalités plus qu’elle ne les aplanit, prévient-il. Et celle du cerveau de l’homme non seulement n’échappe pas à ce constat mais le magnifie ». « Mon métier de psychiatre m’amène chaque jour à faire le constat que d’infimes dérèglements génèrent des effets majeurs, témoigne le chercheur. L’équilibre d’un être humain est précaire. » Ainsi, il prédit « une épidémie de troubles mentaux qu’il faut anticiper, comme prix à payer de notre augmentation ».
Un ouvrage qui invite avant tout à approfondir à la réflexion.
Editeur : Grasset
Date de parution : 10/01/2024
Nombre de pages : 352