Dans une tribune du
Quotidien du Médecin
, le Dr. Patrick Leblanc, gynécologue obstétricien au centre hospitalier de Béziers et coordinateur du Comité pour Sauver la Médecine Prénatale (CSMP), adresse une lettre ouverte aux députés à l’occasion de la deuxième lecture de la loi de bioéthique à l’Assemblée nationale à partir du 24 mai 2011.
Le Dr. Leblanc attire l’attention des parlementaires sur les conséquences éthiques résultant de la suppression par le Sénat de l’amendement du rapporteur Leonetti à l’article 9 alinéa 4 du projet de loi bioéthique, suppression rendant automatique la proposition du diagnostic prénatal (DPN) à toute femme enceinte. Cette systématisation met à jour, pour le Dr Leblanc, deux conceptions de la médecine prénatale possible. La première, constituée en cas de reprise de l’amendement de Jean Leonetti visant à proposer le DPN à la femme enceinte "
lorsque les conditions médicales le nécessitent
", permettrait une réelle médecine raisonnée, fondée sur le dialogue entre le médecin et sa patiente dans la proposition de tests adaptés. La seconde, au contraire, reviendrait à considérer le médecin comme un "
distributeur-automatique-de-tests
" dans une médecine du "
tout-dépistage
".
La fréquence d’un diagnostic positif en cas de DPN n’étant pas le même en fonction de l’âge et de l’état de la mère et "
sauf menace pour la santé publique, le dépistage systématique d’une pathologie donnée n’aurait pas de raison d’être en population général
e". Il constituerait une dérive eugénique prohibée par l’article 16-4 du Code civil disposant que "
toute pratique eugénique tendant à l’organisation et à la sélection des personnes est interdite
".
Le Dr Leblanc illustre sa position en se basant sur deux situations qui illustrent selon lui un "
malaise grandissant chez les professionnels de la naissance
". La première réside dans les conséquences du DPN de masse de la trisomie 21 : "
synonyme de traque anténatale du handicap
", il pousse à l’élimination avant la naissance de 96% des fœtus détectés. Dans une société prônant l’intégration du handicap, le Dr Leblanc observe que le DPN de la trisomie 21 est devenu obsessionnel. Un dépistage systématique reviendrait à "
l’officialisation d’un choix sociétal du ‘bébé-zéro-défaut’
".
Selon le Dr Patrick Leblanc, cette discussion sur la médecine prénatale "
engage l’avenir de nos métiers mais aussi la vision de notre société sur l’accueil du handicap
".
Le Quotidien du Médecin 24/05/2011