Seize collectifs et associations de « familles en lutte contre la privation de liberté dans les Ehpad » lancent une plateforme « Pour des résidents toujours citoyens en Ehpad ». Avec cette initiative, ils veulent interpeler les candidats à l’élection présidentielle et « les amener à prendre position sur le grand âge ». Une initiative qui « fait écho à la création fin décembre du Conseil national autoproclamé de la vieillesse (Cnav), un collectif de personnalités désireuses de remettre le thème de la vieillesse dans le débat politique ».
Ces différentes associations « représenteraient plus de 3000 familles impliquées dans quelque 1000 Ehpad ». « Une grande partie d’entre elles ont été créées par des familles de résidents révoltées par les fermetures des Ehpad, le maintien en isolement de leurs proches pendant de trop longs mois ou par l’impossibilité d’accompagner leur proche décédé », précise Patrick Collardot, l’un des initiateurs de la plateforme, également fondateur de l’association Touche pas mes vieux.
« Vieillir dignement » : une priorité ?
« Avec le Covid, le sujet des personnes âgées passe totalement sous les radars, déplore Sabrina Deliry, cofondatrice du Cercle des proches aidants en Ehpad (CPAE). Nous voulons faire exister leur voix. Nous ne pouvons pas être une société qui enferme ses vieux pour les protéger ». « Aujourd’hui, on se bat pour nos parents. Demain, ce sera nous », rappelle-t-elle.
« Le grand âge reste un angle mort des politiques publiques », juge Laurent Frémont, cofondateur du collectif Tenir ta main. La loi Grand âge promise par Emmanuel Macron a finalement été abandonnée, malgré quelques mesures votées dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 (cf. PLFSS 2022 : contraception, santé sexuelle des jeunes hommes et grand âge). Pourtant, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans devrait tripler d’ici à 2050, en France.
Le sujet du grand âge est uniquement considéré sous l’angle budgétaire, déplore Laurent Frémont. « Aucun plan d’ampleur n’est évoqué pour assurer la dignité des personnes âgées ». Ce qui « en dit long sur la place que l’on accorde aux plus fragiles dans notre société, estime-t-il. Avant de parler de dignité dans la fin de vie, la priorité ne serait-elle pas de permettre de vieillir dignement ? »
Citoyen, pas « objet de soin »
Parmi les revendications des associations : le retour de la loi Grand âge, l’augmentation du nombre de personnel soignant ou encore la « suppression du “pouvoir de police” des directions [des Ehpad] “qui a conduit à des privations de liberté inacceptables“ ».
« Le droit commun doit s’appliquer en Ehpad sans souffrir d’aucune exception, est-il rappelé sur la plateforme. Le résident d’un Ehpad ne doit pas être réduit en “objet de soin”. Il est et doit rester un citoyen à part entière et son avis doit être non seulement écouté mais entendu ».
Source : Le Figaro, Agnès Leclair (10/01/2022)