Les hommes aussi ont une « horloge biologique »

Publié le 21 Mar, 2023

L’homme fertile à tout âge est « une idée reçue, véhiculée par les exemples médiatisés de paternités tardives », affirme Geoffroy Robin, gynécologue et andrologue au centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) de Lille. En effet, l’homme est sujet à une « baisse progressive de la testostérone », l’andropause, « significative à partir de 50 ans ».

Selon une étude d’Elise de La Rochebrochard [1], de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, la fertilité est maximale chez l’homme à 30-34 ans. « A 55-59 ans, l’homme a une fertilité deux fois plus faible. »

Des risques pour l’enfant

Toutefois « l’infertilité masculine reste peu explorée. Ce n’est pas un marché porteur », analyse Florence Boitrelle, présidente de la Société d’andrologie de langue française (SALF).

Quel que soit l’âge de la femme, l’andropause a un impact sur le délai de conception et le risque de fausse couche. Mais si la mère a plus de 40 ans, le risque est accru.

En outre, l’étude d’Elise de La Rochebrochard montre que si le père est âgé de plus de 40 ans, le risque de maladies génétiques est plus important. Un risque « de même ampleur que le risque de trisomie 21 observé chez les enfants dont la mère a un âge compris entre 35 et 39 ans » pour certaines pathologies.

Informer le grand public ?

« Le docteur Robin reçoit des patients de plus de 55 ans persuadés que l’infertilité du couple vient de leur compagne », « puisqu’ils ont déjà eu des enfants d’une précédente union ». Le médecin appelle à « une information loyale et collective » du grand public.

L’année dernière, le Pr Samir Hamamah, chef du service biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, a remis à Olivier Véran, alors ministre de la Santé, un « plan de lutte contre l’infertilité » (cf. Infertilité : un rapport recommande l’information et la prévention). Malgré l’annonce du président de lancer une « grande stratégie nationale » sur le sujet, « le flou prédomine ».

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, explique « déployer plusieurs objectifs issus du plan », comme la consultation de prévention à 25 ans (cf. A Cambridge, des cours pour « éviter d’oublier d’avoir un bébé »), un programme de recherche de l’Inserm « Santé des femmes, santé des couples » doté de 30 millions d’euros, ou encore la diffusion de recommandations pour mieux diagnostiquer le syndrome des ovaires polykystiques.

Ce mardi, son cabinet doit recevoir le professeur accompagné Salomé Berlioux, coauteur du rapport, alors que « 3,3 millions de Français rencontrent des difficultés pour concevoir un enfant et qu’un couple sur six de l’âge de 25 ans connaîtra un problème d’infertilité ».

Complément du 23/03/2023 : Une nouvelle étude parue dans la revue Aging [2] montre que les changements de méthylation induits par l’âge dans l’épigénome des spermatozoïdes contribuent à augmenter le risque de troubles du développement neurologique chez la progéniture.

 

[1] L’étude citée date de 2001

[2] Bernhardt, L., et al. (2023). Age-related methylation changes in the human sperm epigenome. Aging. doi.org/10.18632/aging.204546.

Sources : Le Monde, Anaïs Coignac (16/03/2023) ; Le JDD, Juliette Demey (20/03/2023) ; News Medical, Emily Henderson (21/03/2023)

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