La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de traduire un guide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui décortique l’influence de l’industrie pharmaceutique auprès des étudiants en médecine. L’objectif, pour la HAS, est de le diffuser auprès des étudiants « pour développer leur sens critique ».
« Premier constat : dans de nombreux pays, les étudiants sont en contact régulier avec des laboratoires ». Ainsi, « l’industrie pharmaceutique a développé de longue date de nombreux moyens de peser sur la formation des futurs médecins en mettant en place des dispositifs tels que des prix ‘majors de promotion’, la réalisation de supports de cours… ».
En France, une loi de 2011 interdit aux futurs médecins « de percevoir tout cadeau de l’industrie ». En outre, ce texte « oblige [les laboratoires] à rendre publiques toutes les conventions passées avec les médecins et les étudiants », dans un souci de transparence. Malgré tout, « l’exposition des étudiants à l’industrie pharmaceutique est fréquente, précoce et augmente avec l’avancée dans les études », affirme une thèse soutenue en avril 2012 par Stéphanie Baron et Loïc Bourvon. « Ce qu’on constate, c’est surtout que beaucoup d’étudiants trouvent naturels ces liens avec les firmes et ont peu d’esprit critique », explique le docteur Baron.
Face à ce constat, le docteur Emanuel Loeb, président du syndicat national des internes des hôpitaux (Isnih) relativise : « je n’ai pas le sentiment que les internes sont vraiment une cible pour les labos, car ils n’ont pas la main sur les prescriptions ». De son côté, Stéphanie Baron relève que « les petites attentions des entreprises créent un climat favorable à l’exercice de leur influence ». Le guide de l’OMS affirme d’ailleurs que « les cadeaux, même de faible valeur, placent les médecins ‘sous l’influence d’un sentiment d’obligation de réciprocité’ ».
La Croix (Pierre Bienvault) 10/05/2013
