Les risques
Au mois de février 2002, la revue The Lancet publiait une étude sur les risques neurologiques pour les enfants nés par fécondation in vitro (FIV). Un mois plus tard deux études publiées dans le New England Journal of Medecine évaluaient les conséquences du risque néonatal après une procréation médicalement assistée. Ces techniques sont l’insémination artificielle et la stimulation de l’ovulation, ainsi que des techniques plus invasives comme les fécondations in vitro ou l’injection cytoplasmique de cellule spermatique (ICSI). L’utilisation de ces techniques augmenterait par deux le nombre des enfants de faible poids à la naissance et présentant des anomalies congénitales. Les auteurs de l’étude attribuent ces risques à l’utilisation des technologies plus qu’aux causes de l’infertilité. Le taux de malformations congénitales graves, diagnostiquées avant l’âge d’1 an serait de 4,2% chez les bébés de conception naturelle alors qu’il serait de 9% chez les bébés nés après une AMP. Les malformations prédominantes affectent les appareils uro-génital, cardio-vasculaire et musculo-squelettique. Selon le Professeur Mitchell (Boston) « ces risques ne sont pas admissibles pour tous les couples et doivent être désormais pris en compte par les médecins et les patients ».
Les chiffres en France
En France près de 110 000 enfants sont nés à la suite d’une assistance médicale à la procréation. Désormais on enregistre 9 000 naissances par an dont plus de 50% dans le cadre d’une ICSI. Le taux de réussite varie de 20% pour la FIV à 23% pour l’ICSI. En limitant depuis quelques années le nombre d’embryons transférés en même temps dans l’utérus, le taux de grossesse multiple a baissé : de 6 à 8% il y a une dizaine d’années, il est passé à 1,5% aujourd’hui. Le Dr Mouzon, spécialiste des questions de reproduction à l’Inserm estime que l’AMP représente 120 millions d’euros par an.
Le traitement de la stérilité est pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, toute tentative étant désormais remboursée. La France est au premier rang dans le monde pour ces dépenses et c’est le seul pays au monde qui rembourse l’AMP.
Appel à la responsabilité
Le magazine L’Express en janvier 2003 ouvre le débat : “Acharnement procréatif : où est l’intérêt de l’enfant ?“
Le Pr Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique, et Marie-Hélène Mouneyrat, secrétaire générale y lancent un “cri d’alarme“. Ils s’inquiètent de l’aveuglement qui conduit certains parents à un véritable “acharnement procréatif” et certains médecins à mettre en oeuvre des techniques de procréation sous-évaluées. Pour eux il est urgent de se demander s’il faut continuer à satisfaire tous les désirs de parentalité alors même que les techniques employées font courir des risques à l’enfant.
Le 22 janvier 2003, dans une interview au journal Le Monde, le ministre de la santé, Jean-François Mattéi, dénonce la dérive de l’assistance médicale à la procréation : “Il faut retrouver la raison et le bon sens” estime t-il. Il déplore que ces techniques soient utilisées alors qu’on est loin d’en maîtriser les conséquences pour l’enfant à naître : “personne ne pense à être l’avocat de l’enfant“. Le ministre estime que les petits “vont payer pour une bonne part les exigences de leurs parents et la complicité des médecins”