Le magazine La Vie, consacre un article à l’art biotech également appelé bioart. L’un des pionniers de cet art nouveau est Eduardo Kac. Ce brésilien vient, au terme de six ans de travail avec des scientifiques d’intégrer l’un de ses chromosomes dans le patrimoine génétique d’un pétunia. Il a ainsi crée un organisme baptisé plantanimal qui ressemble à un pétunia mais "dans ses nervures, coule non pas de la sève mais un peu du sang de l’artiste".
Ils sont quelques centaines d’artistes à utiliser les biotechnologies non seulement comme sujet d’étude mais aussi comme outil. Ainsi, ils créent d’étranges chimères. Certains ont d’ailleurs mis de côté la recherche du beau pour s’affirmer comme des éveilleurs de conscience.
Pour Jens Hauseur, commissaire de plusieurs expositions de ce type, ces œuvres "lèvent le voile sur le monde clos des laboratoires, matérialisent les potentialités et les possibles dérives de la science".
L’un des artistes de ce genre nouveau, George Gessert créé volontairement des fleurs difformes, miroirs d’une société tentée de trier le vivant et qui se veulent une réflexion sur l’eugénisme.
Eduardo Kac s’interroge : "demain nous pourrons créer des êtres totalement nouveaux. Quelle place leur ferons-nous, alors ? Comment vivrons-nous à leurs côtés ?". Aujourd’hui avec l’ensemble des techniques que sont la chirurgie, la génétique, et l’électronique l’homme est capable de se réinventer, d’être son propre créateur.
La crainte aujourd’hui avec ce type d’artistes travaillant à partir du vivant est de tomber sur "un savant fou qui se lancerait dans un programme transgressif de mutation humaine ou animale", conclut le philosophe Yves Michaud.
La Vie (Christine Monin) 05/11/09