Depuis le Danemark, la banque de sperme Cryos envoie des gamètes aux femmes françaises célibataires et aux couples de femmes. Elle fournit également une liste de gynécologues français « partenaires » prêts à braver la loi en inséminant les patientes en toute illégalité.
Cryos est la plus grosse banque de sperme du monde, créée en 1987. Elle propose à la vente les gamètes de 850 donneurs de sperme, expédiés dans le monde entier. « Taille, poids, nationalité, groupe sanguin, couleur de peau, des yeux ou des cheveux, l’entreprise Cryos propose de choisir son donneur selon une grande variété de critères, (…) une photo de lui enfant, (…) une courte présentation écrite relatant les motivations du don de sperme, la formation ou encore la personnalité des donneurs. Enfin, une note vocale est disponible pour pouvoir entendre leur voix ». Pour des photos à l’âge adulte, il faut prévoir un supplément de 200 €. Le prix total se situe « entre 900 et 1.300 euros», plus élevé que dans les cliniques belges où le prix varie « entre 250 et 280 euros mais où l’anonymat est imposé ».
Ne plus “dépendre des hommes” pour devenir mère
Bien que tout à fait illégale, la pratique est détaillée sur des blogs et comptes Instagram spécialisés, avec « des vidéos et des lives » à destination des femmes qui ne veulent plus « dépendre d’un homme pour réaliser [leur] rêve de maternité » tout en gardant « un pouvoir de décision » sur le choix du donneur. La pratique apporte même un « avantage financier » puisqu’elle permet d’économiser les trajets vers l’étranger et les nuits d’hôtel, et de bénéficier de la prise en charge de la Sécurité Sociale pour tous les examens tels que les échographies.
Des pratiques clandestines illégales
D’après l’article 511-24 du code pénal, les gynécologues qui pratiquent ces PMA interdites encourent théoriquement cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. En réalité, à ce jour, « aucun gynécologue n’a été inquiété pour une telle pratique ». Ils risquent également une radiation de l’ordre. Si le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France « sait que ces pratiques clandestines existent » et « ne les encourage pas », il précise cependant que si un gynécologue « venait à être mis en danger, le syndicat sera à ses côtés parce qu’il aura aidé une femme en difficulté ». Quant aux patientes, elles ne risquent « pas grand-chose ».
Il est difficile d’estimer le nombre de gynécologues français réalisant des inséminations clandestines, mais l’un d’entre eux reconnait recevoir chaque semaine une ou deux patientes envoyées par Cryos. Et il travaille également en partenariat avec deux autres banques de sperme européennes, qui lui envoient des patientes.
Alors que le projet de loi bioéthique qui prévoit notamment l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires n’a pas été adopté, la pratique demeure parfaitement illégale.
Source : Slate, Maureen Albert (13/04/2021) – Pixabay\DR