Alors que Dolly a été euthanasiée et que l’administration sanitaire américaine a annoncé fin 2002 qu’elle autoriserait la commercialisation de produits d’animaux clonés, Jean-Paul Renard, directeur du laboratoire de développement et biotechnologie de l’Institut national de recherche agronomique (Inra), rappelle que les clones doivent être considérés comme de "nouveaux animaux".
Les expériences de clonage menées sur l’animal ont montré que chez certains animaux à l’âge adulte apparaissent des signes de vieillissement précoce et des effets tardifs du clonage mais que les clones peuvent être physiquement normaux, fertiles et avoir une descendance. Pour autant, l’Inra considère, à la différence des chercheurs américains, que le recul est encore insuffisant pour affirmer que ce sont des animaux "normaux". Jean-Paul Renard rappelle que 20% des animaux clonés meurent peu de temps après leur naissance et que de nombreuses gestations n’arrivent pas à leur terme. Il y a des anomalies génétiques durant la gestation et à la naissance dans 30% des cas (syndrome du "gros veau", apparition d’anomalies vasculaires, immunitaires ou pulmonaires) qui disparaîtraient le plus souvent progressivement. Une question se pose tout de même sur le risque de transmission de ces anomalies.
En France, il y a actuellement une vingtaine de souris clonées et 35 bovins. Les plus âgés des bovins ont aujourd’hui 4 ans. Jean-Paul Renard estime que cloner des animaux est utile pour la recherche en biologie cellulaire notamment pour comprendre comment des cellules deviennent totipotentes. Cette technique permet de mieux appréhender le mécanisme de la fécondation et l’importance de la gestation pour la santé.
Quant à l’application du clonage sur l’homme, Jean-Paul Renard considère que sur le plan scientifique c’est hasardeux et que l’on s’expose à des risques graves. Sur le plan éthique, c’est "tout simplement inacceptable" surtout quand "on voit le taux de mortalité à la naissance chez les animaux".
La Croix (Céline Rouden) 18/02/03 – La France Agricole (Eric Maerten) 11/10/02