Dans la Croix, l’écrivain et éditeur Jean-François Bouthors revient sur l’affaire Sébire. Il souligne que "la méthode qui consiste à en appeler à la compassion pour créer un mouvement d’adhésion n’est pas propre à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui poursuit son combat pour la légalisation du suicide assisté".
Il rappelle que c’est aussi en invoquant des cas pathétiques que l’on a voulu légaliser l’avortement. Finalement, Simone Veil obtint la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pour mettre fin à des situations dramatiques. Certains pensaient que cette loi n’entrainerait pas la banalisation de l’IVG. Aujourd’hui, fort est de constater que l’avortement n’a pas reculé et qu’il est souvent banalisé.
Jean-François Bouthors s’interroge donc sur les conséquences que pourraient avoir une décision prise sous le coup de l’émotion. "La mise en scène du cas singulier, dramatique et immédiat fait disparaître la dimension collective, politique et de long terme, du choix qui est à faire", explique-t-il. "Vouloir légiférer à partir de l’exception, comporte le danger de faire tomber la barrière symbolique qui signifie à chacun d’entre nous que la vie même diminuée, est d’une valeur inestimable", ajoute-t-il.
Il met en garde contre une loi qui permettrait d’en finir plus vite face aux maladies incurables comme Alzheimer et regrette que la solidarité régresse dans notre pays.
Il revient sur le cas de Dominique Bauby qui a su montrer par son livre, "le scaphandre et le papillon", qu’une "situation dramatique peut s’éclairer de façon exceptionnelle".
"Ce qui est en jeu, et que nous ne devons pas perdre de vue, c’est notre sens de l’humain", conclut-il.
La Croix 26/03/08