Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, revient sur le débat organisé à l’Unesco demain sur le thème “faut-il interdire le clonage humain ?”.
La mort prématurée de la brebis Dolly en février dernier a montré que les effets du clonage sur l’organisme cloné étaient encore mal connus ce qui “donne, en quelque sorte, un sursis aux humains“, explique Koïchiro Matsuura. Qu’adviendra t-il quand “l’obstacle technique” sera levé ? Pour K. Matsuura, “la perspective du clonage humain constitue un défi éthique, culturel et politique majeur“.
Il fait un distinguo entre clonage thérapeutique et clonage reproductif.
Le but du clonage thérapeutique est d’obtenir un embryon pour utiliser ses cellules ce qui pose de graves questions éthiques. Une telle pratique ne peut être résolue, selon K. Matsuura, “qu’avec un strict encadrement juridique des recherches sur l’embryon humain“.
Le clonage reproductif vise à la naissance d’un enfant, copie chromosomique d’un autre individu. Pour lui, ce clonage est une “forme d’eugénisme” qui ouvrira “la voie à une fracture génétique artificielle entre humains à génome d’origine et humains à génome cloné“. L’Unesco a interdit le clonage reproductif dans la Déclaration universelle sur le génome et les droits de l’homme, adoptée en 1997. Koïchiro Matsuura rappelle que l’homme n’est pas un mammifère comme les autres et si on peut reproduire un animal par le clonage, “ce sont l’éducation, la science et la culture qui font l’humain. Pas le clonage“.
Aujourd’hui, l’Unesco travaille à une déclaration sur les données génétiques ainsi que sur un instrument universel de bioéthique.
Le Figaro (Koïchiro Matsuura) 09/09/03