L’avortement sélectif, une réalité au Canada

Publié le 12 Avr, 2016

Une étude publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) rouvre le débat sur les avortements sélectifs au Canada. Le déséquilibre du ratio entre garçons et filles existe depuis « au moins deux décennies », dans les familles canadiennes d’origine indienne. Les chercheurs « suggèrent que les avortements sélectifs expliquent en majeure partie » ces chiffres.

 

Les femmes indo-ontariennes, ayant au moins deux enfants, « mettent plutôt au monde 138 garçons pour 100 filles ». Si elles ont trois enfants, « ce chiffre passe à 166 garçons pour 100 filles ».En outre, « ce rapport grimpe à 326 garçons pour 100 filles chez les mères d’origine indienne de deux filles qui ont subi un avortement à leur troisième grossesse. Et il augmente encore à 409 garçons pour 100 filles si la femme a avorté plus d’une fois ».

 

Il est illégal au Canada d’utiliser la Fécondation In Vitro pour sélectionner le sexe de son enfant, mais « rien n’empêche une femme, à la 14ème semaine de grossesse, de faire une échographie révélant le sexe du bébé ». Et d’avorter s’il s’agit d’une fille.

 

Selon les chercheurs, « il y a eu environ 4472 filles ‘perdues’ dans les vingt dernières années, et la plupart provenait de couples dont un ou deux parents était d’origine indienne ». Marcelo Urquia, épidémiologiste à l’hôpital St Michael’s de Toronto qui a dirigé la recherche explique « qu’une bonne partie de ces filles sont disparues des suites d’avortements provoqués, mais nous ne savons pas exactement le nombre ». L’avortement est légal et gratuit au Canada depuis 1988, et « aucune question n’est posée sur les raisons pour lesquelles les femmes décident d’avorter ».

 

Pour justifier « l’accent mis sur l’Inde », les chercheurs « soulignent que c’est un pays où des écarts de ratio importants sont documentés et que c’est un groupe d’immigration majeur au Canada ». Magaly Pirotte, coordinatrice à la Fédération québécoise de planning des naissances estime que cette étude « est une porte ouverte à discriminer certaine population et à remettre à nouveau en question le ‘pourquoi’ les femmes recourent à l’avortement. (…) On ne va pas chercher les motivations quand une autre femme veut avorter, alors pourquoi irait-on chercher celles de ces femmes là ? »

 

Alana Cattapan, chercheuse postdoctorale à l’université Dalhousie, constate pour sa part que « les inquiétudes sur l’avortement sélectif ne sont pas seulement associées à la communauté indienne ».

 

Il y a trois ans, le député Mark Warawa avait proposé « que le Parlement dénonce l’avortement sélectif », mais sa motion avait été jugée « irrecevable ».

 

Radio Canada International (12/04/2016), Huffington Post( 11/04/2016), Le Devoir (13/04/2016)

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