La Croix revient sur la question de l’anonymat des dons de gamète, remis en question à la veille de la révision de la loi de bioéthique de 2004. Aujourd’hui, d’une part la loi garantit l’anonymat et d’autre part stipule qu’"aucun lien de filiation ne peut être établi entre l’auteur du don et l’enfant issu de la procréation".
Ancienne présidente de l’Agence de la biomédecine, Carine Camby justifie ce principe qui protège le donneur "qui n’a pas forcément envie de voir se présenter 18 ou 20 ans après les faits, les enfants issus de son don" et le couple infertile qui "pourrait renoncer (…) par peur de devoir gérer le tiers qui fait intrusion dans la famille traditionnelle". Dans son dernier rapport l’Agence souligne aussi le risque, en cas de levée de l’anonymat, "que les parents se retournent contre le donneur dans le cas où l’enfant ne répondrait pas à leurs souhaits initiaux". S’alignant sur l’avis rendu en 2005 par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans lequel les "Sages" se prononçaient pour le respect de l’anonymat, l’Agence reste prudente face à toute volonté d’assouplissement de la loi sur ce sujet. Les médecins de la reproduction affirment eux que les receveurs autant que les donneurs sont en majorité pour l’anonymat.
Conçu par insémination artificielle avec donneur (IAD), Arthur Kermalvezen, aujourd’hui âgé de 25 ans, réclame lui la levée de l’anonymat : "la seule trace que j’ai de mon géniteur, c’est moi. Ce n’est pas normal. Nos origines, on en a besoin. Personne n’est en droit de me dire si j’ai le droit de connaître mon géniteur" (cf. Lettre mensuelle n°102). La psychiatre Geneviève Delaisi de Parseval prône elle l’instauration d’un système calqué sur le Cnaop (Conseil national d’accès aux origines personnelles) qui met en relation les enfants nés sous X qui le demandent avec leur mère biologique. Et si cette dernière refuse de révéler son identité, le Cnaop rassemble pour l’enfant quelques données non identifiantes.
La Croix (Marine Lamoureux) 25/11/08