Etat des recherches
Le rapport 2007 de l’Agence de la biomédecine rappelle que les équipes françaises ont débuté la recherche sur les embryons humains à partir de 2005, année des premières autorisations. Fin 2007, 27 équipes étaient titulaires d’une autorisation de recherche sur les cellules souches embryonnaires (CSEh).
Au total, 88 autorisations ont été délivrées, dont 24 en 2007, et une réflexion est en cours sur “l’opportunité” de créer en France une banque nationale de cellules souches embryonnaires humaines.
Etude et non thérapie
La priorité est désormais donnée à une recherche cognitive fondamentale, une application en thérapie cellulaire de remplacement étant plus lointaine, du fait notamment de la barrière immunologique et de la tumoricité des cellules issues de cellules souches embryonnaires.
Il est intéressant de noter que les partisans de ces recherches souhaitent gommer la référence au “bénéfice thérapeutique”, actuellement inscrite dans la loi et préalable nécessaire à toute autorisation de recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines.
Cellules pluripotentes induites (IPS)
Le rapport indique : “en 2006-2007, des données nouvelles ont bouleversé le paysage en décrivant une troisième source de cellules souches qui proviennent de la reprogrammation de cellules somatiques adultes : les cellules souches pluripotentes induites (induced pluripotent stem cells – iPS, découvertes par le Pr Shinya Yamanaka). Malgré le faible recul, ces cellules apparaissent douées des mêmes propriétés que les CSEh, ce qui explique l’intérêt majeur qu’elles suscitent en thérapeutique, ce d’autant que, n’étant pas de source embryonnaire, elles ne sont pas soumises à la même règlementation et ne posent pas de problème éthique” (1).
Malgré ces avancées sur les cellules souches adultes et de sang de cordon, saluées par la communauté scientifique internationale, l’Agence de la biomédecine continue d’affirmer : “les cellules souches adultes sont rares, pour la plupart difficilement accessibles de façon prospective et difficilement amplifiables. Elles ont un potentiel généralement restreint au tissu qui les héberge, ce qui grève leur utilisation thérapeutique. Les données suggérant l’existence de CSA “pluripotentes” de potentiel proche de celui des CSEh, en particulier dans le sang de cordon, sont extrêmement controversées“.
L’avenir des autorisations ?
Les publications scientifiques consacrées aux résultats prometteurs des cellules souches adultes se multiplient. Pour Jean-Claude Ameisen, président du comité d’éthique de l’Inserm, “le travail de Yamanaka prouve qu’il est possible de reprogrammer des cellules adultes ordinaires et montre que la plasticité des cellules est beaucoup plus grande qu’on ne le pensait. Avec cette technique, on ne peut plus dire : il n’y a pas moyen de faire autrement (que la recherche sur l’embryon, NDLR)”.
Les performances de ces cellules adultes, qu’elles soient issues du sang de cordon ou dites induites (cellules iPS) ne sont-elles pas de nature à remettre en cause les autorisations de recherche sur l’embryon ? Celles-ci, en effet, ne sont autorisées qu’à titre exceptionnel “lorsqu’elles sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs et à la condition de ne pouvoir être poursuivies par une méthode alternative d’efficacité comparable“. La prochaine loi de bioéthique devra répondre à cette question.
1 – Sur ces avancées scientifiques majeures et plus particulièrement les travaux de Yamanaka sur les cellules iPS capables de se différencier en plusieurs types de cellules du corps humain, voir Gènéthique n°90 et n°96.