La Suisse, pays du suicide assisté, peut mieux faire en matière de soins palliatifs

8 Jan, 2024

Alors qu’« environ 1 500 personnes par an » recourent au suicide assisté en Suisse [1], une étude internationale sur la « qualité de la mort », publiée en 2022, classe le pays au 13e rang sur 81 [2]. C’est le Royaume-Uni qui occupe la haut du podium.

Un manque de lits

La Société suisse de médecine et de soins palliatifs indique que le nombre de lits dédiés aux soins palliatifs est passé de 375 en 2021 à 393 en 2022. Cette augmentation est « principalement due à la certification de deux nouvelles unités de soins ». En outre, en 2022, « 3 736 lits étaient exploités dans 26 des 35 établissements de soins de longue durée (EMS et maisons de repos) certifiés dans toute la Suisse ».

Selon l’Association européenne des soins palliatifs, un ratio de 100 lits pour un million d’habitants est nécessaire. En vertu de cet indicateur, « la Suisse devrait donc en théorie disposer de 870 lits, soit plus du double du nombre actuellement disponible ». En outre, six cantons sur 26 ne disposent d’aucun lit spécialisé en soins palliatifs d’après les données de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Ni règlementation ni budget

« La médecine palliative ne fait encore l’objet d’aucune réglementation spécifique dans la loi sur l’assurance maladie (LAMal) » (cf. Fin de vie : « Ce n’est pas en baptisant stratégie ce qui était auparavant appelé plan que se fait une politique volontariste »). Dès lors, « certains services ne sont pas couverts par l’assurance maladie obligatoire, ce qui peut entraîner des coûts élevés pour les patients ».

Par ailleurs « les spécialistes critiquent le système de financement forfaitaire par cas » (cf. Fin de vie : Les soins palliatifs, « parent pauvre de la médecine »). En effet, « le fait qu’un montant déterminé soit payé pour un traitement donné ne répond pas aux besoins réels des soins palliatifs », expliquent-ils. De son côté, H+, l’organisation suisse des hôpitaux et institutions de soins publics et privés, affirme que « presque tous les établissements proposant des soins palliatifs – hôpitaux, EMS, établissements de soins, soins à domicile (Spitex) – sont sous-financés ».

Le Conseil national [3] avait adopté une motion en 2021, « demandant au Conseil fédéral d’améliorer les finances des soins palliatifs et de procéder aux modifications nécessaires dans la loi ». En novembre dernier, 13 organisations, dont H+ et Spitex, ont publié une déclaration « exigeant que cette motion soit mise en œuvre le plus rapidement possible ».

 

[1] Dont certaines venues de l’étranger

[2] Ce classement a été établi sur la base d’un questionnaire envoyé à des spécialistes en soins palliatifs de chaque pays. NDLR : Selon cette même étude, la France est classée 19e et la Belgique 26e.

[3] la Chambre basse du Parlement

Source : Swiss Info, Kaoru Uda (08/01/2024)

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