Des chercheurs de l’Université de Californie (UCSF) ont développé « une stratégie reposant sur deux étapes qui n’avaient jamais été utilisées dans la recherche psychiatrique : la cartographie du circuit de dépression d’un patient et la caractérisation de son biomarqueur neuronal ». Puis, après avoir identifié ce « schéma spécifique de l’activité cérébrale lié à l’apparition des symptômes » de la dépression, ils ont personnalisé un dispositif de stimulation cérébrale profonde « pour qu’il ne réagisse que lorsqu’il reconnaît ce schéma ».
Selon les chercheurs, la thérapie obtenue est « immédiate », « à la demande », et « unique au cerveau du patient et au circuit neuronal à l’origine de sa maladie ». Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Medicine[1].
Le succès d’un essai clinique
Dans le cadre de l’essai clinique mené par les chercheurs, une patiente connue sous le nom de Sarah qui souffrait de dépression, a pu être soulagée « presque immédiatement » et sur une durée de 15 mois, période pendant laquelle le dispositif était implanté. L’essai avait débuté au mois de juin 2020.
Une des électrodes de l’appareil a été implantée dans la zone du cerveau où l’équipe avait trouvé le biomarqueur, surveillant « constamment » l’activité cérébrale. L’autre électrode a été placée dans la région du circuit de dépression de Sarah, là où « la stimulation soulageait le mieux ses symptômes ». Lorsque le dispositif détectait le biomarqueur, une stimulation électrique d’1mA était délivrée pendant 6 secondes, conduisant à « une modification de l’activité neuronale ».
Vers une nouvelle approche en psychiatrie ?
Pour le Dr Andrew Krystal, professeur de psychiatrie, membre de l’Institut Weill des neurosciences de l’UCSF, et cosignataire de l’étude, il s’agit d’un « nouveau paradigme ». En effet, « nous avons développé une approche de médecine de précision qui a permis de traiter avec succès la dépression de notre patiente qui était résistante au traitement, en identifiant et en modulant le circuit de son cerveau uniquement associé à ses symptômes », explique-t-il.
Les précédents essais cliniques avaient eu « un succès limité », car « la plupart des appareils ne peuvent délivrer qu’une stimulation électrique constante, généralement dans une seule zone du cerveau » alors que la dépression peut concerner différentes zones.
Les chercheurs restent toutefois prudents : « il ne s’agit que du premier patient du premier essai ». Ils ont recruté deux autres patients et prévoient d’en ajouter neuf supplémentaires. Reste à savoir notamment « si le biomarqueur ou le circuit cérébral d’un individu change au fil du temps, à mesure que le traitement se poursuit ».
[1] Closed-loop neuromodulation in an individual with treatment-resistant depression, Nature Medicine (2021). DOI: 10.1038/s41591-021-01480-w , www.nature.com/articles/s41591-021-01480-w
Source : Medical Xpress, University of California, San Francisco (04/10/2021)