Alors que la recherche sur les chimères homme-porc progresse (cf. Création d’embryons porc-homme : les chimères captivent les chercheurs, mais suscitent de graves problèmes éthiques), les greffes d’organes porcins reviennent sur le devant de la scène. Dans l’objectif de pallier la pénurie chronique de greffons humains, l’utilisation d’organes animaux est envisagée depuis les années 1960 : tout d’abord avec les primates, rapidement abandonnés car « ils sont difficiles à élever en captivité, grandissent lentement » et les associations de protection des animaux s’y opposent. Les chercheurs se tournent alors vers un autre candidat, le porc, génétiquement proche de l’homme. Les rejets aigus de greffe sont peu à peu réduits, lorsqu’une étude de Nature vient stopper les travaux : elle met en évidence « le risque de voir des rétrovirus porcins se mêler à des virus humains pour produire de nouvelles maladies potentiellement dévastatrices ». Récemment avec CRISPR-Cas9, l’espoir est « ravivé » : ces rétrovirus porcins peuvent être inactivés. Ce nouvel outil permettrait aussi de supprimer la production d’antigènes responsables du rejet. Muhammad Mohiuddin, de l’Institut national du cœur, des poumons et du sang de Bethesda dans le Maryland, souhaite donc poursuivre les travaux : il envisage de greffer un cœur porcin fonctionnel chez des babouins. Il ne resterait plus « qu’à utiliser des porcs dénués d’ADN viral pour espérer lancer le premier essai clinique tant attendu chez l’homme ».
Le Figaro, Tristan Vey (27/01/2017)