Le magazine La Vie consacre un dossier à la fin de vie et plus particulièrement à la loi Leonetti : "la loi Leonetti n’est ni suffisamment connue ni suffisamment appliquée" explique le docteur Régis Aubry, président du Comité de suivi du développement des soins palliatifs. Il insiste sur la nécessité de développer "une culture palliative" chez les professionnels de santé, car selon une enquête, 80% des soignants ne connaîtraient pas les termes de cette loi.
Le même constat avait été dressé par Marie de Hennezel dans son rapport "la France palliative" (cf : Synthèse de presse du 26/03/08)
Certains médecins estiment aussi qu’il faudrait mieux informer le grand public : "depuis l’adoption de la loi, toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Mais qui est au courant?" Selon Claire Ader, responsable d’une unité de soins palliatifs dans un hôpital de Toulouse, les difficultés de mise en œuvre de cette loi sont aussi liées à des questions économiques.
Pour l’ancien ministre de la Santé Claude Evin "la loi actuelle a le mérite de résoudre la très grande majorité des difficultés rencontrées en fin de vie. Elle incite chacun d’entre nous à penser à de nouvelles solidarités envers les plus vulnérables. Pourquoi vouloir la modifier avant qu’elle ne soit véritablement appliquée ?" "Croire que l’euthanasie légalisée règlera la question de la souffrance et de la mort relève de l’illusion. Elle l’expédiera, c’est tout. Nous verrons apparaître d’autres souffrances, d’autant plus profondes qu’elles seront tues. Comment vivrons-nous dans un monde de chacun pour soi, un monde où la solidarité et la compassion se résumeront à donner la mort?"
Jean Leonetti, de son côté souligne "que tout le monde reconnaît que la loi de 2005 est le socle sur lequel on peut continuer à construire". En fait, explique-t-il la loi ne peut rien contre la souffrance morale de la vieillesse, de la maladie ou de la déchéance. "Toute loi a pour vocation de poser des règles générales régissant la vie en société et non de résoudre des situations singulières".
L‘un des dangers de légiférer, serait d’établir des vies qui valent le coup d’être vécues et d’autres pas : "on instaurerait une hiérarchie des existences". Il explique que ceux qui soutiennent l’euthanasie "ne se rendent pas compte de l’engrenage dans lequel celle-ci nous entrainerait". Enfin, l’examen des pays européens qui ont légalisé l’euthanasie met déjà en évidence des dérapages.
La Vie (Laurent Grzybowski) 27/03/08