La greffe de mains sera-t-elle supplantée par les prothèses bioniques ?

Publié le 13 Fév, 2017

L’équipe chirurgicale et médicale lyonnaise a tenu jeudi dernier une conférence de presse sur la septième greffe de main réalisée à l’Hôpital Edouard Herriot et l’avenir de ces transplantations en France. Jean-Michel Schryve, greffé des deux mains le 22 novembre dernier, était présent. Amputé des quatre membres en 2010 à la suite d’une nécrose provoquée par une grave infection du sang, il a « rapidement réappris à marcher à l’aide de prothèses, mais n’a jamais supporté les prothèses myoélectriques de bras ». « Avec les prothèses, je ne savais pas ce que je touchais. Je les ai rendues. Je faisais à peu près tout avec mes moignons mais le toucher me manquait toujours » explique-t-il. Lorsqu’une greffe lui est proposée, il « réfléchit longtemps, très longtemps » : « Je ne savais pas quoi faire puisque j’avais une autonomie… Mais je voulais essayer d’avoir ce toucher qui me manquait. C’était très important pour moi. Ma vie de couple a été brisée par l’amputation ». Aussi, après l’intervention de douze heures, une « intervention hors norme qui a réuni près de 25 personnes au bloc opératoire », Jean-Michel Schryve « a pleuré de bonheur toute la nuit. Avoir deux mains, à nouveau, c’était miraculeux ». Il lui faut à présent faire preuve de patience et de persévérance pour reconquérir ce « toucher » qu’il espère tant.

 

Pour le Docteur Aram Gazarian, la réalisation de greffes de mains « marque un tournant dans l’histoire des transplantations : ‘on passe de la greffe vitale à la greffe utile’ ». Une pratique qui « reste marginale » : depuis 1998, sept greffes ont été réalisées à Lyon, dans le cadre d’un programme de recherche. Avec un recul de 4 à 13 ans selon les patients, les résultats sont « moyens pour la sensibilité, bons pour l’aspect fonctionnel mais avec un écart allant de 31 à 97% pour la mobilité des doigts et très bons pour la satisfaction des greffés ». Pour le psychiatre Christian Seulin, « même avec 30% de mobilité, on peut faire des tas de choses et les bénéfices psychologiques sont indiscutables. Ils disent très vite ‘mes mains’ (…) Quand ils s’expriment sur leur greffe, plusieurs des patients n’hésitent ainsi pas à parler de leur ‘renaissance’ même s’il ne s’agit pas d’un organe vital ».

 

L’activité de greffes de mains restera encore pour les prochaines années dans le domaine de la recherche. L’agence du médicament « devrait prochainement donner son autorisation pour un nouveau programme de recherche médico-économique qui sera mené en collaboration avec Paris et comparera greffes et prothèses ». Les médecins lyonnais estiment pour l’heure que les bénéfices de la greffe restent supérieurs pour les patients doublement amputés et représente « ce qu’il y a de mieux » aujourd’hui pour eux. Mais ces greffes ont une durée de vie limitée : même si le patient respecte son traitement immunosuppresseur, un rejet chronique est possible. En outre, ces personnes handicapées sont transformées en « malades à vie » du fait de ces traitements immunosuppresseurs, « qui augmentent les risques de cancer, de diabète et d’ostéoporose et des épisodes de rejet ». Des éléments qui pourraient faire pencher la balance du côté des prothèses bioniques qui, elles, « ne cessent de s’enrichir de capteurs qui les rendent de plus en plus précises ». La « fabrication d’organes à partir de cellules souches » est aussi envisagée : « Aujourd’hui on ne sait pas qui va gagner », conclut le Professeur Emmanuel Morelon. 

Lyon plus, Sylvie Montaron (13/02/2017)

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