La difficile application de la loi Leonetti

Publié le 12 Avr, 2012

Alors que la plupart des candidats à la présidentielle se sont prononcés sur la légalisation de l’euthanasie, plusieurs médecins et spécialistes ont souhaité témoigner des difficultés que présente la loi Leonetti dans son application.

Celle-ci autorise l’administration de traitements antidouleur destinés à soulager la souffrance, avec "pour effet secondaire d’abréger la vie" d’un patient "en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable". Mais pour Eric Gendreau, directeur d’un Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (AHPAD), la "loi ne dit pas clairement que le soulagement du patient en fin de vie peut aller jusqu’à son décès et que c’est une forme d’euthanasie passive".
En interrogeant ses collègues, Edouard Ferrand, responsable des soins palliatifs de l’hôpital Foch de Suresnes, constate que pour ces derniers "la phase palliative [est celle] juste avant la mort quand il y a des problèmes avec la famille, quand le malade hurle, demande l’euthanasie". Mais celui-ci précise qu’au contraire, la phase palliative vise "à optimiser la qualité de vie du malade, en mettant en jeu toutes les techniques médicales, psychiques, et sociales".

Dans certains services de médecine, de nombreux médecins se sont mal "appropriés" la loi. Par conséquent, le Dr Ferrand déplore que "ses collègues ne savent pas que les patients dont ils s’occupent relèvent d’une démarche palliative. Il y a besoin d’un travail de formation". Enfin, il souligne que cette démarche palliative implique aussi que la famille et le patient soient informés. A ce titre, Mr Gendreau ajoute que l’ "information est d’autant plus nécessaire que les familles n’ont souvent aucune connaissance de la loi Leonetti".

Récemment, Tugdual Derville s’est à nouveau prononcé sur la légalisation de l’euthanasie, en précisant que dans le cas d’une dépénalisation, "on voudrait très vite l’imposer à des personnes vulnérable et sans défense, incapable de s’exprimer". A ce titre, il pose alors la question: "peut-on accepter que la façon la plus radicale de ‘faire le bonheur’ des autres malgré eux soit de les mettre à mort?". Pour le délégué Générale d’Alliance Vita, il faut faire attention à "l’ ‘altruisme’ meurtrier".
 

AFP 12/04/12 – France Catholique (Tugdual Derville) 13/04/12

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