Ces dernières années, si le nombre de cancers du sein, spécialement chez les jeunes femmes a augmenté, d’énormes progrès diagnostiques et thérapeutiques ont été réalisés. Et la gonadotoxicité[1] due aux traitements risquant d’entrainer une infertilité, des techniques de préservation de la fertilité féminine ont été développées.
En France, la loi de bioéthique de 2004, modifiée par la loi 2011-814 du 7 juillet 2011 a prévu ce risque et dispose que « toute personne pouvait bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de tissu germinal, en vue de la réalisation ultérieure d’une assistance médicale à la procréation, ou en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité, lorsqu’une prise en charge est susceptible d’altérer sa fertilité » (article L. 2141-11 du Code de la santé publique).
La fonction ovarienne résiduelle après le traitement d’un cancer dépend non seulement de facteurs connus tels que l’âge, la réserve ovarienne initiale, ou encore, la nature des thérapies, mais aussi d’une sensibilité personnelle imprévisible et propre à chaque patiente. Il est donc périlleux d’essayer d’identifier les patientes qui seront infertiles à l’issue de leurs traitements, et l’ensemble des sociétés savantes souligne l’importance de la systématisation de la consultation d’oncofertilité[2] avant toute initiation d’un traitement à risque gonadotoxique.
Plusieurs techniques ont été proposées : la congélation ovocytaire après stimulation ovarienne ou maturation ovocytaire in vitro (MIV), ou la congélation de cortex ovarien après prélèvement chirurgical en vue de son éventuelle greffe.
Cette dernière technique présente l’intérêt de permettre la conservation de très nombreux ovocytes au sein des follicules primordiaux et primaires situés dans le cortex. Un ovaire entier ou une portion de tissu est prélevé par cœlioscopie, sous anesthésie générale. Au laboratoire, le tissu ovarien est congelé, puis stocké à -196°C. Après la fin des traitements anticancéreux, une greffe peut être réalisée pour réintroduire le tissu ovarien.
La première naissance vivante après réintroduction de tissu ovarien cryoconservé a été rapportée en 2004. Depuis, les dernières publications font état de 86 enfants nés de ce type de greffes, naturellement (cf. Elle donne la vie à un petit garçon après une greffe d’ovaire) ou après une fécondation in vitro (FIV), avec une efficacité correspondant à 20 à 30% de grossesse par greffe.
Toutefois, cette procédure, encore expérimentale, est invasive, et son efficacité réelle reste difficilement chiffrable (cf. Les autogreffes de tissu ovarien, un espoir pour les femmes après un cancer ).
Pour aller plus loin :
Des ovaires artificiels pour restaurer la fertilité après un traitement anticancéreux
Une cryoconservation de tissus ovariens expérimentée chez une petite fille de 2 ans
Greffe de tissu ovarien : de bons résultats à long terme
[1] NdlR : La gonadotoxicité est l’effet négatif, et malheureusement souvent irréversible, d’un traitement anticancéreux sur la fertilité humaine.
[2] NdlR : L’oncofertilité est une discipline médicale qui vise à préserver la fertilité des patients cancéreux qui présentent un risque de stérilité résultant de la chimiothérapie ou de la radiothérapie.
JIM, C. Sonigo et N. Sermondade, Service de Médecine et Biologie de la Reproduction, Hôpital Jean-Verdier, Bondy M.-L. Durand, Service de Gynécologie Obstétrique, CHU de Limoges (13/06/2018)