La bioéthique perd un grand expert

Publié le 2 Sep, 2022

Mgr Jacques Suaudeau, ancien directeur scientifique de l’Académie pontificale pour la vie et co-fondateur et directeur scientifique de la Master-class Science et Ethique de la Fondation Jérôme Lejeune (cf. Master class Science et éthique Jérôme Lejeune :”servir la vie humaine”), est décédé mercredi 28 juillet à l’âge de 81 ans.

Après avoir fini d’écrire un dernier livre, il s’est éteint le lendemain. « Il est mort comme il a vécu en travaillant jusqu’au bout, et en partant discrètement », témoigne Aude Dugast, responsable de la Master-class.

Une double vocation

Né le 20 juin 1941 à Oran, en Algérie, il choisit la voie de la médecine et devient chirurgien, spécialiste des transplantations d’organes au National Institute for Health à Bethedsda aux Etats-Unis. Il devient ensuite chercheur associé au Massachusetts General Hospital, à l’Université d’Harvard à Boston, puis à l’université Yale. A l’âge de 44 ans, il répond à une autre vocation et devient prêtre.

Il part ensuite pour Rome où il devient Official du Conseil pontifical pour la Famille avant de devenir conseiller scientifique de l’Académie pontificale pour la vie jusqu’en 2015. Il est aussi consultant pour le Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé et aumônier de la Fédération internationale des associations des médecins catholiques.

Le Vatican ayant remarqué ses qualités exceptionnelles, il est nommé délégué du Saint Siège auprès du CDBIO (Comité Directif du Conseil de l’Europe pour la Bioéthique devenu DH-BIO) à Strasbourg, en 2006 (et jusqu’à son décès) et Délégué du Saint Siège auprès du CIB (Comité international de bioéthique) et du CIGB (Comité intergouvernemental de bioéthique, UNESCO) en 2010.

Une acuité intellectuelle hors du commun

Depuis 50 ans, Jacques Suaudeau lisait toutes les publications scientifiques d’importance. « Rien ne lui échappait », affirme Aude Dugast. Ainsi, lors du congrès sur les cellules souches organisé par la Fondation Jérôme Lejeune et l’Académie pontificale pour la vie à Rome, c’était lui qui avait proposé d’inviter comme orateur le professeur Yamanaka, encore inconnu alors. Et c’est lors de ce congrès que le Pr Yamanaka a, pour la première fois, évoqué l’existence des cellules iPS qu’il avait découvertes et qui allaient révolutionner les recherches en thérapie cellulaire en offrant une alternative éthique à la recherche sur les embryons humains (cf. Les cellules iPS, alliées des chercheurs). Pour cette découverte le Pr Yamanaka recevra plus tard le prix Nobel (cf. Le prix Nobel de Médecine 2012 récompense des travaux sur les cellules souches).

Au cours de sa carrière, Mgr Suaudeau a écrit de nombreux ouvrages et s’est intéressé à toutes les questions éthiques : le clonage, la procréation médicalement assistée, la fin de vie, les cellules souches, le don d’organes, le traitement du VIH, l’objection de conscience et, tout récemment, la question éthique portant sur les vaccins contre le covid-19 (cf. Projet de loi bioéthique : « l’abolition du critère médical d’infécondité ouvre la PMA à tous les caprices procréatifs » [décryptage 1/3] ; L’objection de conscience : le devoir de désobéir. Interview de Jacques Suaudeau).

« La science a progressé non pas à coup de transgressions éthiques, mais par réflexion sur les données de la nature, rappelait-il. Une bonne recherche scientifique se doit d’abord d’étudier la nature et d’en tirer des fruits, et non de la détruire. »

 

NDLR : Mgr Jacques Suaudeau était expert Gènéthique. La rédaction rend hommage à cet homme exceptionnel.

Sources : Famille chrétienne (29/07/2022) ; Fondation Jérôme Lejeune (03/08/2022)

Partager cet article

Synthèses de presse

Soins palliatifs : de nouveaux lits, mais toujours insuffisants face à la demande
/ Fin de vie

Soins palliatifs : de nouveaux lits, mais toujours insuffisants face à la demande

Au CHU de Brest, des équipes pluridisciplinaires « soulagent chaque année près de 200 patients ». Mais l’unité reçoit « ...
justice
/ Fin de vie

Royaume-Uni : il « aide » sa femme à mourir, la justice autorise l’héritage

Un mari qui a « aidé » sa femme en phase terminale à se rendre en Suisse pour mettre fin ...
GPA en Inde : un couple autorisé à utiliser le sperme de leur fils défunt
/ PMA-GPA

GPA en Inde : un couple autorisé à utiliser le sperme de leur fils défunt

La Haute Cour de Delhi a ordonné à un hôpital de remettre l'échantillon de sperme congelé d’un homme décédé à ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres