Magdalena Blenska est architecte, ancienne députée et vice-présidente du parti polonais Porozumienie. Et la jeune femme de 37 ans est favorable à la décision du Tribunal constitutionnel qui a déclaré que le recours à l’avortement en cas de « malformation du fœtus » n’est pas conforme à la constitution (cf. Pologne : l’avortement eugénique n’est pas conforme à la constitution).
« La loi actuelle a été votée il y a 27 ans et, depuis, la médecine a réalisé d’incroyables progrès, certaines maladies graves sont bien mieux soignées, explique-t-elle. Une malformation cardiaque peut par exemple être opérée aujourd’hui chez le nouveau-né. » Alors elle suggère que soit créé un « conseil scientifique et éthique » pour éviter les avortements eugéniques. En effet, Magdalena Blenska ne « voit pas pourquoi [les anomalies génétiques] seraient un critère d’éligibilité à l’avortement, si la vie de la mère ou de l’enfant n’est pas en jeu ». « Je suis très attachée à la liberté des individus de faire des choix mais, pour moi, elle s’arrête là où commence la vie des autres, et cela dès le tout début. » (cf. Pologne : une proposition de loi pour interdire les avortements eugéniques)
Le président de la République, Andrzej Duda « vient de déposer un projet de loi » sur le sujet. Pour l’ancienne députée les amendements risquent d’être nombreux. « Ce genre de loi est très difficile à écrire, car la distinction qui sera établie entre les maladies létales et non létales est de plus en plus difficile à cerner. »
Contre la criminalisation de l’avortement et l’arrêt des tests prénataux – « nous voulons que les enfants puissent être soignés à temps » explique-t-elle -, elle ne s’oppose pas à la liberté des femmes. « Personne ne demande [aux femmes d’être mères contre leur gré] affirme-t-elle. Une femme qui ne peut ou qui ne veut pas élever son enfant a la possibilité de le confier à une institution ». En Pologne, il existe 67 « fenêtres de vie », des « lucarnes ouvrables depuis l’extérieur, donnant accès à un sas chauffé et ventilé » (cf. Pologne : une 3ème ”fenêtre de la vie”). Une alarme permet d’alerter des « religieuses infirmières » qui préviennent une ambulance pour emmener le nouveau-né à l’hôpital. Un système « contesté par les Nations unies », car « l’abandon anonyme d’un bébé constitue une violation de la convention des droits de l’enfant ».
Source : La Croix, Jean-Baptiste François (10/12/2020)