Le déploiement des services IVG peine à se faire en Irlande, faute de médecins volontaires, et faute de formation des médecins. Votée en décembre dernier suite au référendum de mai 2018, la loi dépénalisant l’IVG est entrée en vigueur le 1er janvier 2019.
Seuls les médecins volontaires réalisent des avortements, ils doivent s’inscrire sur une liste. Or ils sont à peine 200 à s’être inscrits, soit environ 5% des médecins généralistes du pays. « Les scrupules éthiques, les doutes quant à l’état de préparation clinique et la peur des manifestations ont dissuadé les autres ». Dans quatre comtés, aucun médecin ne s’est porté volontaire. Ils sont nombreux à refuser le principe même de l’avortement, jugeant insuffisant le droit à l’objection de conscience qui leur a été laissé[1] : « personne ne devrait être contraint, contre sa conscience, de participer à un avortement ou de renvoyer des patients à d’autres pour un avortement », a déclaré Mgr Eamon Martin, archevêque d’Armagh en Irlande du Nord et président de la conférence des évêques irlandais. « Je ne ferai jamais rien qui puisse conduire intentionnellement à la mort d’un de mes patients, qu’il s’agisse d’un bébé in utéro ou de n’importe qui d’autre, personne âgée ou malade », a déclaré quant à lui le Dr Andrew O’Regan, basé à Kerry, « le bien-être des patients qui sont devant moi est plus important qu’une loi très très corrompue ».
D’autres médecins sont freinés par l’absence totale d’« informations, conseils et formation adéquats », conséquence immédiate d’un déploiement trop rapide. « Nous n’avons aucune expérience, des formations ni en premier cycle ni en post-doctorat », explique Sarah Fitzgibbon, médecin généraliste à Cork, justifiant pourquoi elle ne s’est pas inscrite pour réaliser les IVG, « c’est comme un processus médical tout nouveau dont nous ne nous sommes encore jamais vraiment préoccupés ».
Quelques manifestations ont été organisées, comme à Galway ou à Drogheda, mais l’archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, a recommandé aux manifestants de « faire preuve de prudence », jugeant qu’il fallait surtout se « concentrer sur l’information des gens et l’aide aux femmes en difficulté ».
Voir aussi :
Irlande : après les médecins, les infirmières et les sages-femmes refusent de pratiquer l’avortement
L’accès à l’avortement accéléré en Irlande
[1] IVG en Irlande : une objection de conscience limitée
Guardian, Rory Carrol (11/01/2019)
Aleteia,