En Italie, des militants tentent d’obtenir l’autorisation de la pilule abortive RU 486. Celle-ci est interdite dans la Péninsule. Le ministre de la santé, Francesco Storace, l’avait autorisée puis l’a suspendue, fin septembre après une première expérimentation à Turin. Une véritable offensive est aujourd’hui menée pour que le ministre l’autorise à nouveau. La Toscane a d’ailleurs autorisé ses hôpitaux à prescrire la RU 486 sans le feu vert du ministère. Une association de consommateurs a recueilli 70 000 signatures pour la légaliser.
"Au moment où le projet de budget 2006 cherche à encourager les familles à avoir des enfants, les régions sont entrées en compétition pour qu’elles n’en fassent pas" a déploré le ministre. "Cette compétition est un encouragement à l’avortement et, franchement, ce n’est pas un beau spectacle" a-t-il ajouté.
Pour l’Osservatore Romano, "les régions sont en train de se transformer en une avant-garde porte-drapeau de la négation des valeurs de la vie, et ceci au nom d’une laïcité mal comprise de l’État".
Cette question est d’autant plus délicate que l’Église italienne est accusée d’"ingérence" dans la politique. Au printemps dernier, Camillo Ruini, président de la Conférence épiscopale italienne avait fait le maximum pour faire échouer le référendum sur la fécondation assistée et la recherche sur l’embryon. "Une Église qui se tairait sur ces thèmes ne ferait honneur ni à elle-même, ni à l’Italie" a-t-il affirmé.
D‘après un rapport parlementaire, les réticences sur l’interruption volontaire de grossesse, quelle que soit la méthode, sont nombreuses, y compris dans le corps médical. Malgré cette offensive, remarquons que 83,3% des gynécologues de la région Basilicate (au Sud de l’Italie) et 80.5% en Vénétie (Nord Est) refusent de pratiquer les IVG traditionnelles.
Le Monde (Jean-Jacques Bozonnet) 21/11/05 –