Commandé par le gouvernement en septembre 2017 avec pour objectif de « dresser une feuille de route sur l’IA », le rapport Donner un sens à l’intelligence artificielle pour une stratégie nationale et européenne, a été remis hier soir par le député de LREM et mathématicien, Cédric Villani.
Premier constat : la France ne fait pas partie des leaders dans le domaine de l’Intelligence artificielle mais « elle a des atouts ».
Le député propose de ses concentrer sur quatre secteurs prioritaires : celui de la santé, de l’environnement, des transports et de la défense.
Pour obtenir des résultats pertinents, il souhaite créer d’importantes bases de données à partir d’une « une politique de la donnée offensive qui vise à favoriser son accès, son partage et sa circulation » appuyées sur le nouveau règlement européen sur la protection des données. Tout en renforçant « la politique d’ouverture des données publiques », il souhaite inciter fermement aux partages de données privées : « Dans certains cas, la puissance publique pourrait imposer l’ouverture s’agissant de certaines données d’intérêt général », est-il précisé dans le document.
Pour développer la recherche, le député forme l’objectif de « tripler le nombre de personnes formées à l’IA d’ici à 2020 », notamment en doublant les salaires en début de carrière. Il veut créer des « zones franches de l’intelligence artificielle » avec peu de formalités administratives et des compléments de salaire » pour attirer les scientifiques étrangers et garder les Français. Le député envisage de « rapprocher le monde de la recherche des entreprises pour favoriser les transferts de technologies ». Enfin, un supercalculateur et un cloud privé attribués à l’IA devraient être mis à disposition des chercheurs.
La dimension éthique est abordée par le rapport : « L’IA ne peut pas être une nouvelle machine à exclure ». Le député souhaite la création d’une structure dont la mission sera « d’anticiper » et « d’expérimenter des dispositifs d’accompagnement » ou encore « des modalités nouvelles de production et de répartition de la valeur ». Mais aussi, la mise en place d’un comité d’éthique « chargé d’organiser le débat public et de fournir des avis et recommandations ‘en toute indépendance’ », ainsi que des cours d’éthique dans les formations en informatique et en école d’ingénieurs.
Contre le phénomène des «boîtes noires», « des systèmes algorithmiques dont il est possible d’observer les données d’entrée, les données de sortie, mais dont on comprend mal le fonctionnement interne », il suggère que les pouvoirs publics aient recours à « une fonction d’audit » avec des chercheurs capable d’auditer voir de tester les algorithmes et les bases de données. « Ils pourraient être saisis dans le cadre d’une enquête à la demande du Défenseur des droits ».
Ces mesures ont un coût, elles nécessiteront un financement qui n’apparait pas dans le rapport. Mais Emmanuel Macron devrait annoncer ce jour, à l’occasion d’un sommet sur l’IA, organisé au Collège de France à Paris, la façon dont le gouvernement entend mettre en place « son plan sur l’intelligence artificielle ».
Le Monde (Vincent Fagot) 29/03/2018) ; le Figaro, Lucie Ronfaut (28/03/2018)