Mercredi, l’agenda parlementaire a repoussé l’examen du projet de loi relatif à la fin de vie tard dans la soirée. Les échanges se sont éternisés, continuant de tourner autour de l’article 5 du texte visant à définir l’« aide à mourir ». Les bancs sont de plus en plus clairsemés. Aucun amendement n’a été adopté.
Euthanasie ou suicide assisté, au choix ?
Plusieurs députés ont déposé des amendements visant à laisser le « libre choix » quant au mode d’administration de la substance létale, ce qui autoriserait le suicide assisté ou l’euthanasie, indépendamment de l’état physique du patient. Dans sa version actuelle, le texte prévoit d’autoriser un tiers à pratiquer le geste létal uniquement si la personne n’est pas en mesure de le faire étant donné son état physique. Un acte alors « délégué » soit au médecin, soit à un infirmier, ou encore à une personne volontaire désignée par le patient.
Parmi les promoteurs de ce « libre choix », on trouve entre autres Emmanuel Fernandes (LFI – NUPES), Danielle Simonnet (LFI – NUPES) ou encore Anne-Laurence Petel (Renaissance). Elsa Faucillon (GDR – NUPES) va jusqu’à dire que l’intérêt du terme « aide à mourir » est qu’il « n’organise pas de hiérarchie entre l’euthanasie et le suicide assisté ». Pour ces députés, la clause de conscience accordée aux médecins suffirait à clore le débat.
La liberté du patient supérieure à toute autre ?
« Les médecins et infirmiers pourront utiliser leur clause de conscience », fait valoir Pierrick Berteloot (RN). Mais le sujet fait débat, parmi les opposants comme parmi les promoteurs de l’« aide à mourir ».
Ainsi, pour Philippe Vigier (Démocrate) qui estime que l’« aide à mourir » est un « droit », son exercice doit passer par une responsabilisation de la personne, et donc par l’auto-administration par principe du produit létal.
« Il y a une forme d’égoïsme, d’individualisme, vous ne pensez pas aux conséquences pour les autres », s’insurge quant à lui Fabien Di Filippo (LR). Jocelyn Dessigny (RN) le rejoint : « On pense toujours au patient, au malade, mais on ne pense jamais à celui qui reste ». Et Frédéric Petit (Démocrate) d’ajouter : « On parle d’un patient qui prend une décision grave, c’est donc une décision grave pour tous », avant d’en conclure que c’est à la personne d’assumer ses choix.
Emmanuelle Ménard (NI) de son côté évoque la liberté des proches : « Si on a un malade qui est en fin de vie qui demande à un proche “tu dois m’aider”, pensez-vous que ce tiers aura sa totale liberté ? ».
L’opposition des soignants balayée
Des députés ont également rappelé l’opposition claire, et maintes fois réitérée, des soignants, évoquant notamment la tribune signée par différentes associations professionnelles représentant 800 000 soignants confrontés à la fin de vie (cf. 800.000 soignants s’opposent à l’euthanasie). Christophe Bentz (RN) s’insurge : « Dans le mot “non”, qu’est-ce que vous ne comprenez pas Madame la ministre ? ».
Un argument balayé par le rapporteur général Olivier Falorni (Démocrate) qui qualifie cet avis de « pétition fantôme ». « On ne peut pas balayer ce sujet d’un revers de la main et discréditer les organisations qui se sont exprimées », rétorque Pierre Dharréville (GDR – NUPES).
C’est pourtant ce que semble avoir choisi de faire l’Exécutif, en ignorant tous les appels des soignants (cf. Fin de vie : un « dialogue de sourds » entre les soignants et le gouvernement), tout en feignant de « co-construire » le projet de loi avec eux (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « le mépris affiché à l’égard de soignants désormais qualifiés de “secouristes à l’envers” »).