Greffe : priorité de santé publique

Publié le 27 Mai, 2003

L‘Etablissement français des greffes (EFG) a été créé en 1994, à la suite de différentes affaires (sang contaminé, Affaire d’Amiens,…) qui avaient souillé l’image du don de greffes, afin de redonner confiance aux français. Cette période de défiance, au début des années 90, s’était traduite notamment par une chute de 20% des dons d’organes.
Quasiment 10 ans plus tard, l’EFG a rétabli la situation. Le plan greffe, adopté en 2000, a permis de passer de 15 à 20 prélèvements par million d’habitants fin 2002. L’année dernière le nombre de prélèvements a dépassé pour la première fois celui de 1989. Ainsi, en 2002, 3 632 greffes ont été réalisées dont 155 à partir de donneurs vivants. Mais 10 797 patients sont restés en attente de greffe et 227 sont morts avant greffe.

L‘écart entre l’offre et la demande est encore très important. Notamment du fait que seule la mort cérébrale permet le prélèvement et celle-ci ne s’observe que dans 1% des décès hospitaliers. Le prélèvement est refusé dans  30 % des cas. Avant 1994, le don d’organe était régi par la loi Caillavet : toute personne n’ayant pas fait connaître de son vivant son opposition au prélèvement était présumée consentante. Depuis, de nouvelles règles ont été établies : les personnes opposées au prélèvement peuvent s’inscrire sur un registre national des refus, pour une personne décédée ne figurant pas sur ce registre, les médecins doivent recueillir le témoignage de la famille. Aujourd’hui, le député Pierre-Louis Fagniez, rapporteur du projet de loi sur la bioéthique, propose, pour favoriser les greffes, de modifier le recueil du témoignage de la famille, de renforcer l’obligation de restauration du corps, de transformer l’autorisation de prélèvement en obligation de service public. Pour lui, la greffe doit devenir un objectif de santé publique.

Pour remédier au problème de manque de greffons, certains envisagent de développer le prélèvement sur donneur vivant. Pour Pierre Louis Fagniez, ce n’est pas une alternative recommandable : "la vraie réponse à la pénurie d’organes en France n’est pas là, mais dans une réorganisation du secteur de la greffe".
La xénogreffe a également suscité beaucoup d’espoir. Il s’agit de greffer chez l’homme un organe d’origine animale mais à ce jour, aucune équipe dans le monde a réussi durablement une xénotransplantation notamment à cause du rejet de l’organe animal par le receveur humain. Par ailleurs, de nombreux virologues ont mis en garde, à la fin des années 90, contre les risques de transmission d’agents infectieux de l’animal (en particulier du porc) à l’homme. En France, une loi votée en 1998, oblige à ce que toutes xénogreffes reçoivent une autorisation préalable du ministère de la Santé. En 1999, le Conseil de l’Europe a proposé un moratoire sur cette pratique.

La Croix (Pierre Bienvault – Marianne Gomez) 27/05/03

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