L‘équipe médico-chirurgicale française qui a effectué le 27 novembre 2005 au CHU d’Amiens, la première greffe partielle de visage, publie dans The Lancet, les protocoles chirurgicaux et immunologiques.
Compte tenu de la gravité des lésions provoquées dans la région du triangle nez-bouche-menton, les chirurgiens maxillo-faciaux ont proposé à la patiente une greffe.
Le greffon a été prélevé, avec l’accord de la famille, sur une femme de 46 ans en état de mort cérébrale. Transplanté et privé d’alimentation sanguine pendant 4 heures, le greffon a été ensuite revascularisé. Les chirurgiens ont ensuite procédé à la reconstitution des muqueuses, des masses musculaires et des filets nerveux. Parallèlement, l’équipe médicale a effectué une greffe cutanée afin de disposer d’un tissu sentinelle pour suivre l’évolution de la greffe. Un traitement immunosuppresseur et antibiotique très lourd a été mis en place ainsi que des biopsies de peau.
Les auteurs décrivent aussi les complications survenues après l’opération : oedème, majoration des plaquettes, lésions…
Grâce à une rééducation active et intensive, la receveuse a pu s’alimenter normalement rapidement. Elle a désormais retrouvé ses fonctions motrices et sensitives et récemment un sourire symétrique. Elle parvient de mieux en mieux à s’exprimer oralement.
Cependant, le docteur Patrick H. Warnke (département de chirurgie maxillo-faciale, université de Kiel, Allemagne) souligne les risques du traitement immunosuppresseur. Celui-ci nécessite d’être administré à vie sous peine de rejet du greffon. De plus, un tel traitement pourrait exposer les patients à des risques de maladies infectieuses ou malignes. Le Professeur Jean-Michel Dubernard, dont l’équipe a réalisé cette opération, est conscient de ces difficultés. D’autres greffes de visages sont en préparation et des greffes de genoux, du larynx et de parois abdominales auraient déjà été tentées avec succès. Il conclue ainsi : "Après les greffes d’organes, il semble bien qu’une ère nouvelle et prometteuse s’ouvre aujourd’hui dans la chirurgie de la transplantation".
Le Monde (Jean-Yves Nau) 05/07/06 – Le Quotidien du Médecin (Dr Isabelle Catala) 05/07/06