Fin de vie : des soignants alertent sur les conséquences « éthiques et déontologiques » d’un changement de la loi

Publié le 4 Juil, 2022

« Comme soignants, la fin de vie nous concerne tout particulièrement, que nous exercions à l’hôpital, à domicile, dans les Ehpad ou dans toute autre structure médico-sociale directement concernée ». Dans une tribune pour le journal Le Figaro, Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), et douze collègues[1], veulent alerter quant aux conséquences « éthiques et déontologiques » potentielles d’une « évolution législative sur la fin de vie ».

Les signataires de la tribune se disent interpelés par le projet de convention citoyenne (cf. Présidentielles : Emmanuel Macron favorable à l’euthanasie). Avec une voix légitimée par leur « présence quotidienne auprès des personnes malades et de leurs proches ». « Notre contribution collective est dès maintenant nécessaire afin qu’un tel débat évite deux écueils », estiment-ils.

Deux écueils à éviter

Le premier écueil est politique. Ces soignants craignent que le sujet de l’euthanasie ne polarise toute l’attention, « en totale contradiction avec les réalités vécues auprès des patients ». Réduire la « complexité » de la fin de vie à « un affrontement entre un pour et un contre, entre un progrès et un recul » serait enfermer ce sujet « dans une dialectique politique mortifère ».

Et dans un contexte de « tension » du monde médical, les signataires jugent « extrêmement dangereux de s’aventurer dans une remise en cause fondamentale du contrat de soins qui nous unit aux patients » Entendre la parole des soignants est dès lors « indispensable », affirment-ils.

«  Est-il possible de considérer comme un soin le fait de donner ou de prescrire la mort ? » interrogent-ils. Leur réponse : « Notre engagement quotidien repose sur une motivation profonde qui nous anime plus que tout : la volonté de prendre soin des autres et d’accompagner les personnes malades en respectant à la fois l’obligation du non-acharnement comme la promesse du non-abandon » (cf. Claire Fourcade : « Je suis médecin, la mort n’est pas mon métier »).

 

[1] Dr Emmanuel de Larivière, membre du bureau de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) ; Pr Pierre-François Perrigault, président du Comité d’éthique de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) ; Pr Olivier Lesieur, président du Comité d’éthique de la Société de réanimation de langue française (SRLF) ; Dr Gaël Durel, vice-président, et Dr Monique Girard, membre du bureau de l’Association nationale des médecins coordonnateurs en Ehpad (MCOOR) et du médico-social ; Pr Claude Desnuelle, vice-président de l’Association pour la recherche sur la SLA (ARSLA) ; Évelyne Malaquin Pavan, présidente du Collège national professionnel infirmier (CNPI) ; Pr Ivan Krakowski, président de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS) ; Dr Élisabeth Hubert, ancienne ministre, présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD) ; Pr Carole Bouleuc et Pr Gisèle Chvetzoff, groupe soins palliatifs de la Fédération des centres de lutte contre le cancer Unicancer ; Dr Matthias Schell, président de la Société française de soins palliatifs pédiatriques (2SPP).

Source : Le Figaro, Claire Fourcade et tribune collective (01/07/2022)

 

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