Falk Van Gaver publie une tribune pour la revue limite, dans laquelle il définit le « transféminisme », pendant féminin du transhumanisme. Non plus la revendication juste de « libération des femmes des conditions réelles d’inégalités sociales », mais une « revendication à l’autoconstruction individuelle absolue ».
Le « fantasme de la fabrication de soi », du « ‘je suis ce que je veux’ pseudolibertaire » est le fruit de l’alliance de l’Etat, du marché, et de la technoscience. L’Etat « créé l’individu abstrait, l’arrachant à tous ses déterminisme sociaux », le marché « permet à l’individu rationnel de poursuivre son intérêt bien compris et de satisfaire (…) tous ses besoins et désirs », et la technique scientifique « rend pratiquement possible toutes les constructions identitaires souhaitées ».
Paradoxalement, ce « technoféminisme », « transféminisme », « postféminisme » est de fait un « antiféminisme » : il « refuse toute détermination biologique, psychologique, culturelle de la condition humaine (…) », et aboutit à « un féminisme de la dissolution, de la négation, qui nie et dissout son objet même, la femme, plus qu’il ne l’affirme et le défend ».
Face à cette triple alliance de l’Etat, du marché et de la technoscience, qui « vise à faire de l’individu un pur chiffre », Falk Van Gaver appelle « ceux qui refusent la réduction de leur être propre, unique (…) » à pousser le cri « instinctif » : « je suis un homme libre, une femme libre (…) Moi, je vis, je suis, j’existe : subjectivité incarnée, corporéité vivante» !
Limite (Falk Van Gaver) 21/10/2015