Euthanasie : une question de société ?

Publié le 26 Mar, 2007

Martine Perez, journaliste au Figaro revient sur le débat de l’euthanasie soulevé par le procès de Saint-Astier. Elle estime que les conclusions du procès (cf revue de presse du 16/03/07) devraient satisfaire tout le monde. D’une part les partisans de l’euthanasie et notamment, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), pour qui cette condamnation symbolique vide de sa substance la loi sur l’euthanasie. D’autre part, ceux qui s’opposent à l’euthanasie et, notamment, l’Alliance pour les droits de la vie (ADV) qui juge qu’il serait grave que ce procès mène vers une dépénalisation jurisprudentielle de la "piqure létale".

Le 7 mars dernier, l’ADMD a sommé les candidats de se prononcer sur cette question. Or la journaliste estime qu’un tel sujet doit avoir lieu "hors de toute contingence électorale ou de toute pression politique". Elle estime que, pour se prononcer, les candidats doivent avoir le temps de rencontrer ceux qui côtoient la mort au quotidien : médecins, soignants, prêtres, imans, rabbins, philosophes.

D‘après un récent sondage, les français craignent de souffrir inutilement en cas de maladie à l’issue fatale. Ils aspirent à mourir paisiblement, le plus tard possible. Elle souligne que la loi Léonetti répond déjà à ce souhait.

Xavier Mirabel, cancérologue et président de l’ADV dénonce, lui, "le manque de personnel, le déficit de formation aux techniques de soins palliatifs, l’absence de soutien pour les soignants moralement et physiquement épuisés". Il demande "aux candidats de s’engager pour que pareil dérapage n’arrive plus".

Les partisans de l’euthanasie proposent, eux, que l’euthanasie puisse être décidée en derniers recours par des comités éthiques de l’hôpital.

Enfin, les spécialistes en soins palliatifs estiment que les demandes d’euthanasie provenant des malades sont très rares et que les demandes émanent le plus souvent des proches ou des soignants. Ils ajoutent que des aides appropriées permettraient d’inverser toute demande de mort.

Martine Perez conclut donc que cette question n’est pas du ressort des médecins mais de la société dans son ensemble. Il faut se demander ce que nous souhaitons : voulons-nous "d’une existence pouvant être abrégée volontairement par l’homme si elle devenait trop douloureuse, trop inutile ? Ou d’une vie qui tire sa force et sa pérennité d’une transcendance qui dépasse l’homme ?"

Le Figaro (Martine Perez) 24/03/07

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