Euthanasie/fin de vie : réactions à l’annonce de François Hollande

Publié le 17 Juil, 2012

Suite au discours de François Hollande sur l’euthanasie, mardi 17 juillet 2012 (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 17/07/12), de nombreux journaux se font l’écho des réactions. 
Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a précisé qu’il souhaitait que le Président ait recours à un référendum et non à “une énième mission sur la fin de vie“, renvoyant ici à la création d’une mission de réflexion sur la fin de vie, confiée au Pr Didier Sicard. Pour ce franc partisan de l’euthanasie, cette nomination est “un mauvais signal“. En affirmant que “notre corps nous appartient“, le président de l’ADMD “demande au Président de la République de ne pas céder à la pression des lobbys pro-life, ultra religieux, qui militent également contre le droit des femmes à avorter, et d’ entendre le combat des associations laïques qui demandent le respect absolu des volontés des patients, fussent-ils âgés, malades en fin de vie, mais qui demeurent des citoyens à part entière “.
Le député UMP Jean-Leonetti, à l’origine de la loi de 2005 sur les droits des malades et à la fin de vie, n’est pour sa part pas opposé à la création d’une commission ni au lancement d’un débat précisant cependant que “le thème de l’ euthanasie devrait être étendu à celui de la fragilité, de la dépendance et de la fin de vie en général“.    
Car malgré l’hommage rendu à la loi de 2005, le discours ambigu de François Hollande interroge sur plusieurs points. En effet, en posant la question : “peut-on aller plus loin dans les cas exceptionnels où l’ abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible et qui appelle un acte médical assumé au terme d’une décision partagée et réfléchie ?“, François Hollande reste imprécis, alors qu’il avait, lors de la campagne présidentielle, proposé “une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité“.     
L’éditorialiste du Figaro s’interroge : “est-ce l’état du malade qui fait sa ‘dignité’ ? A partir de quel stade un homme perd-il la sienne ? Qui en décide ? Et qui décide des ‘cas exceptionnels’ auxquels il a fait allusion ?“, dénonçant ainsi des “acrobaties de langage [qui] cachent une réalité, elle aussi taboue, de notre époque : la souffrance. C’est elle qui fait peur à tout un chacun : pour ses proches et pour soi”. Il ajoute: “c’est elle qui a heurté l’opinion publique lors d’affaires médiatiques qui ont attisé le débat sur l’euthanasie. […] La réponse à la souffrance existe largement : elle se nomme ‘les soins palliatifs’”.
Comme pour réagir aux propos de Jean-Luc Romero de mettre en place un référendum, le Pr Didier Sicard explique que sa “volonté est de recueillir l’avis de la société au sens large du terme“. “Plutôt que de nous reposer sur les avis des experts, qui sont connus de tous, j’ai envie de connaître les attentes des Français à l’occasion de quatre ou cinq débats publics qui seront organisés à Paris et en province“, affirme le médecin. Il précise encore : “je souhaite que l’on ne fige pas toute cette réflexion autour de la sempiternelle question : euthanasie ou pas euthanasie“. Interrogé sur l’exception d’euthanasie qu’il avait proposée dans un avis rendu en 2000 par le CCNE sous sa présidence, Didier Sicard répond que “cette position date d’il y a plus de dix ans, à une époque où les soins palliatifs étaient très peu développés et l’acharnement thérapeutique très peu présent“.
Pour le Dr Régis Aubry, membre de la commission de réflexion sur la fin de vie et président de l’Observatoire national de la fin de vie, “le débat annoncé par François Hollande est une excellente chose. […] Il faudra que l’on arrive à le conduire en se préservant des dérives émotionnelles fréquentes sur ces questions. Et surtout que l’on accepte l’idée d’en sortir avec des idées  qui n’étaient peut-être pas celles qu’on avait en tête au début“.
Enfin, pour le Dr Vincent Morel, nouveau président de la Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), “permettre aux citoyens de s’exprimer  est une mesure qui va dans le bon sens “affirmant” son refus de voir ce débat déboucher ‘un jour sur la légalisation d’une aide active à mourir’ “.
 

Le Quotidien du médecin.fr (Henri de Saint Roman) 18/07/12 – La Croix (Dominique Greiner et Pierre Bienvault) 18/07/12 – Le Figaro (Agnès Leclair, Martine Perez et Etienne de Montety) 18/07/12 – AFP 17/07/12 – Famille Chrétienne.fr (Bénédicte Drouin) 18/07/12 – Liberation.fr 18/07/12

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