Espagne et IVG : des cliniques sans scrupule ?

Publié le 5 Déc, 2006

En octobre dernier, un reportage dans la clinique privée du Dr Carlos Morin à Barcelone, par une journaliste danoise qui avait fait croire qu’elle était enceinte de 8 mois, avait secoué l’opinion danoise. Le médecin lui aurait proposé d’avorter contre 4000 euros et se serait vanter de cette pratique auprès de patientes venues d’Angleterre, d’Allemagne et d’Australie avant de finir : "personne n’aime faire ce travail, mais le monde est comme ça !". La journaliste dans son reportage avait accusé le Dr Morin de pratiquer des "avortements frauduleux et tardifs sur des fœtus en bonne santé". Rafael Manzanera du ministère régional de la Santé a déclaré que "pour le moment, il n’y a pas d’élément permettant de l’incriminer".

Ce n’est pas la première fois que le Dr Morin est l’objet de telles accusations : déjà en 2004, le Sunday Telegraph dénonçait sa pratique des avortements tardifs. D’après des sites webs, le médecin aurait déjà fait un court séjour en prison… Eduardo Hertfelder, président de l’Institut de politique familiale, l’Espagne est devenue "le paradis de l’avortement sans règles".

Depuis 10 ans, le nombre d’IVG a doublé en Espagne et particulièrement augmenté en Catalogne (+ 60%). 5,7 % des femmes ayant avorté dans des cliniques catalanes sont des "étrangères occidentales", 34,5 % des immigrées latino-américaines.

La Loi espagnole de 1985 dépénalise l’avortement à trois conditions : avant la 12è semaine en cas de viol, avant la 22è semaine en cas de malformation du fœtus, et sans limite de temps en cas de "risque pour la santé physique ou psychique de la mère". Ce cas est invoqué dans 98 % des situations… La majorité des avortements se fait en clinique privée car dans les hôpitaux publics, les médecins sont nombreux à faire valoir l’objection de conscience.

Les cliniques n’ont pas de contrôle extérieur, ainsi les raisons invoquées pour avorter sont presque toutes retenues. Les tarifs varient de 330 euros avant la 12è semaine à 3 300 euros autour de la 25è semaine.

Face au flou juridique, le gynécologue Santiago Barambio a créé l’Association des cliniques accréditées pour l’IVG (Acai) où sont fédérées plus de la moitié des cliniques espagnoles. Le code déontologique stipule : "entre la 25è et la 26è semaine, on estime que le fœtus acquiert sa pleine autonomie et peut vivre hors du ventre maternel. Au-delà, il ne s’agit plus d’un avortement. Les cas sont rarissimes [moins de 1%] où l’IVG se justifie, comme lorsque la mort du fœtus est inévitable". Le Dr Carlos Morin, qui dirige cinq cliniques, a refusé d’adhérer à l’Acai…

Libération (François Musseau) 04/12/06

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