Après avoir eu un enfant par fécondation in vitro (FIV), une Australienne a fait don d’un embryon à des amis « qui luttaient contre l’infertilité ». Une décision qu’elle regrette depuis.
Regarder grandir son enfant biologique sans l’élever
Quelques années après la naissance de leur enfant, Agnes [1] et son mari jugent qu’ils « ne pouvaient pas se permettre financièrement d’en avoir un autre ». Ils décident alors de donner un embryon à un couple qu’ils connaissaient, et avec lequel ils pourraient être « co-parents », afin que les frères et sœurs puissent être en relation.
« Je n’étais pas sûre à 100 % de devoir donner l’embryon, mais mon mari était totalement opposé à l’idée d’avoir un autre enfant », explique Agnes.
Après la naissance de l’enfant, le couple cesse de leur donner des nouvelles. « Une période très difficile pour notre famille », raconte l’Australienne. Depuis ils ont pu renouer contact, et les enfants passent du temps ensemble. Néanmoins, Agnes se sent mal à l’aise de voir un enfant dont elle et son mari sont les parents biologiques. « Voir à quel point vos deux enfants sont élevés différemment, c’est vraiment difficile. C’est très, très dur », témoigne-t-elle.
« Je pense que je n’étais pas prête à faire un don », analyse-t-elle aujourd’hui. « C’est un regret total. »
Des regrets rares ?
En Australie, il est illégal de rémunérer les donneurs. Donneurs et receveurs doivent se soumettre à des évaluations psychologiques et à des conseils en matière de fertilité, parfois à plusieurs reprises. Cependant, avec le recul, Agnes estime que ces conseils n’étaient pas suffisants.
La directrice médicale de TasIVF, le Dr Manuela Toledo, affirme qu’au cours de ses deux décennies de pratique, elle a constaté que les regrets des donneurs étaient « relativement rares », « bien inférieurs à 1 % », affirme-t-elle.
Mais peu d’études australiennes s’intéressent au ressenti des donneurs, y compris à leurs regrets éventuels, après leur don.
Rechercher sa descendance
Karen Venuto, elle, a fait don de ses ovocytes à deux reprises : à la fin des années 1990, alors qu’elle avait 26 ans, puis une nouvelle fois. Lors du second don, on lui a administré une dose d’hormones plus importante, ce qui a conduit à lui prélever 37 ovocytes contre 6 la fois précédente. Cela l’a aussi conduite à l’hôpital où elle a dû passer quatre nuits suite à d’importantes complications.
Trois ans plus tard, Karen a téléphoné à l’hôpital pour demander si des enfants étaient nés de ses dons. Un professionnel de la santé lui a répondu que des jumelles étaient nées en juillet 1998.
De problèmes de santé en relations difficiles, Karen n’envisage pas d’avoir d’enfants. Finalement, à 42 ans, elle décide de recourir à la FIV. Une première série de traitements se solde par un échec, et Karen n’a pas les moyens de s’en offrir une autre.
Aujourd’hui, elle affirme ne rien regretter. Mais Karen a récemment décidé d’essayer de trouver les enfants issus de ses dons : elle a donc acheté un test ADN. « Si je pouvais les rencontrer et avoir une relation avec eux, ce serait mon rêve le plus fou. »
[1] Son prénom a été modifié
Source : SBS news, Edwina Storie (09/05/2024) – Photo : iStock