La commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, interpellée par les mouvements sociaux dans les EHPAD[1] a constitué début août une mission parlementaire « flash » chargée de dresser un état des lieux de de la prise en charge des personnes âgées dans notre pays. Monique Iborra[2], rapporteur de cette mission, a présenté le 13 septembre ses premières conclusions : elle révèle un « sentiment général », celui d’une situation jugée indigne malgré le travail de personnel « dévoués » dans ces établissements.
Au terme d’une vingtaine d’auditions, le constat est unanime : « Notre pays ne remplit pas ses devoirs à l’égard de ses ainés ». La réalité des EHPAD est « douloureuse » : en moyenne âgés de 85 ans, les personnes accueillies sont atteintes de pathologies multiples, chroniques, et de troubles du comportement. Ces établissements qui devraient être « des lieux de vie dans lesquels on soigne » sont aujourd’hui des « lieux de soins dans lesquels on vit ». L’encadrement est de plus en plus normé, le personnel est en sous-effectif, la médicalisation des structures qui devient nécessaire est insuffisante et la tarification est trop complexe. Face à cette situation d’ « échec », la député propose plusieurs actions immédiates pour aider les professionnels de santé qui travaillent dans ce domaine, notamment aides-soignantes et infirmiers : « Pour accueillir nos aînés dans de meilleures conditions, il faut donner de meilleures conditions de travail aux professionnels de santé ». La mission flash devrait également être suivie d’un travail « plus approfondi » à partir du mois de novembre.
« Comment peut-on aujourd’hui remettre du sens et de l’humain dans la prise en charge de nos ainés ? », s’interroge Brahim Hammouche, député et ancien médecin coordinateur d’EHPAD. En investissant dans ce domaine autant que dans celui du début de la vie, répond Monique Iborra, ancienne sage-femme. Le débat en commission est ainsi parsemé de belles phrases : « On mesure la qualité d’une société à l’attention qu’elle est capable de porter aux plus petits d’entre les siens. Les personnes âgées que nous sommes tous en devenir sont au nombre de ceux-là », déclare par exemple Jean-Carles Grelier, ou encore « nous devons permettre aux personnes âgées ce que nous leur devons, une fin de vie dans la dignité » affirme Gilles Lurton. Catherine Fiat, député de la France insoumise, a moins le sens de la formule et réclame qu’un groupe de travail « fin de vie digne et euthanasie » soit mis en place. Une proposition « choquante » pour la rapporteur, pour qui il n’est « pas question » de lier son rapport à l’euthanasie : le « raccourci » ne serait pas « judicieux ». Toutefois elle citera un peu plus tard Jean-Louis Touraine en tant que député compétent sur la question de fin de vie, « qui pourra nous faire avancer ». Or ce dernier a déjà proposé de légaliser l’ « aide médicale à mourir », et prépare une proposition de loi « portant sur la fin de vie dans la dignité » (cf. Fin de vie : une nouvelle proposition de loi en marche).
La situation préoccupante des EHPAD ne doit pas occulter le travail des soignants dans ces établissements, « héros du quotidien ». Mais elle doit faire prendre conscience à chacun de la nécessité d’une solidarité intergénérationnelle (cf. Emmanuel Hirsch : lutter contre une “forme de non assistance ou d’abandon” des personnes âgées vulnérables). L’accompagnement de nos aînés est un enjeu d’avenir.
[1] Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
[2] Député LREM, vice-présidente de la commission des affaires sociales.