Du clonage thérapeutique couplé à de la thérapie génique

Publié le 11 Mar, 2002

Une équipe de chercheurs américains aurait réussi à rétablir le système immunitaire d’une souris après lui avoir « greffé » des cellules obtenues par clonage thérapeutique. Les chercheurs ont prélevé des cellules de peau sur la queue de souris atteintes de déficience immunitaire liée à une absence complète de lymphocytes B et T. Puis ils ont réimplanté le noyau de chaque cellule de peau dans un ovocyte énucléé d’une souris donneuse.

 

Les chercheurs ont ensuite arrêté le développement de l’embryon au 5ème jour pour récupérer les 132 cellules souches non spécialisées obtenues, avant de provoquer leur transformation en cellules de moelle osseuse, précurseurs des cellules sanguines. Ces cellules étant toujours porteuses du déficit immunitaire, les chercheurs ont corrigé par thérapie génique le gène défectueux. Puis ils ont réimplanté ces cellules dans la moelle épinière des souris malades. Quelques jours plus tard, les souris se sont mises à produire des lymphocytes B et T ainsi que les globules manquants. Bien que le rendement de la greffe demeure très faible, de l’ordre de 3%, les chercheurs estiment qu’il est suffisant pour que les souris traitées bénéficient d’une protection immunitaire.

Certains s’interrogent sur la nécessité de passer par l’étape du clonage pour arriver à ces résultats. En décembre 2000, le Pr Alain Fischer avait obtenu de bien meilleurs résultats à partir de cellules souches adulte prélevées directement dans la moelle osseuse de quatre « bébés bulles » atteints d’un déficit immunitaire. Cette première thérapie génique avait été réussie sur l’homme sans produire d’embryon cloné.

 

Dans le milieu scientifique, les réactions ne se sont pas fait attendre. « Je ne vois pas l’intérêt scientifique de ce genre d’expérimentation qui ne fait qu ‘enfoncer des portes ouvertes et poursuit surtout un but promotionnel : ce n’est pas la première fois que l’on pratique du clonage ou de la thérapie génique ! » a affirmé Axel Kahn. Revenant sur l’intitulé de l’expérience, baptisée par son auteur « thérapie par transfert de noyau », Louis-Marie Houdebine, du laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire de l’Inra a souligné « c’est pour éviter de parler de clonage. Car dans cette opération il y a bien des embryons potentiellement viables mis en jeu et dont on a arrêté le développement. Il ne faut pas tromper les gens ».

 

Enfin pour Janet Rossant du département de génétique moléculaire et médicale de Toronto, la technique n’est pas au point car « parmi les études réalisées jusqu’à présent sur la souris, seulement 35 lignées de cellules souches embryonnaires ont été obtenues à partir de plus d’un millier de transferts de noyaux, soit une efficacité d’à peine 3,4% ».

Par ailleurs la lourdeur et le coût d’un tel protocole semble exclure sa généralisation à un grand nombre de malades.

 

Libération (Julie Lasterade) 09/03/02 – Le Figaro (Marc Mennessier) 09/03/02 – Agence Sciences Presse 11/03/02 – Québec Science 11/03/02 – Sciences et Avenir 11/03/02 – Le Monde (Jean-Yves Nau) 13/03/02

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